Le diagnostic systémique de la Place Garibaldi

L'analyse systémique

La place Garibaldi est une place royale qui voit le jour au XVIIIème siècle. La place est dominée par la chapelle de Saint-Sépulcre qui est dans l’axe visuel de la route Royale. C’est une place planifiée de forme rectangulaire à arcades, disposant à sont centre d’une fontaine et d’un espace de repos. La rénovation avec l’arrivée du tramway se traduit par la piétonisation d’une bonne partie de la place et l’installation de mobilier urbain de qualité.

Le continuum des arcades et l’architecture des bâtiments donnent le sentiment d’une place relativement fermée. En même temps, la convergence de plusieurs rues vers la place et la position à l’interface de trois quartiers dont le quartier du Vieux Nice font de Garibaldi une place nœud à l’imagibilité très forte surtout auprès des riverains. Cependant, la présence d’un axe routier qui segmente la place du côté du vieux Nice limite l’apport de touristes sur celle-ci. Cette vaste place royale est un point de repère important dans l’armature urbaine, situé à proximité d’éléments remarquables : musée, port… Ces éléments participent à l’attractivité économique de la place.

Depuis la rénovation de la place, le pouvoir de captation a largement augmenté grâce à la présence d’activités commerciales sous les arcades des bâtiments. Il y a une grande diversité des activités (magasins de vêtements, restaurants, cinéma, fleuriste, supermarché…) avec une aire de chalandise plus ou moins vaste. En réalité l’amélioration de l’attractivité économique est relativement récente, liée à la nouvelle accessibilité donnée par le tramway et à la rénovation de l’espace public.

En même temps, l’absence d’une fonction à haute valeur symbolique sur le pourtour de la place réduit son imagibilité, car même la chapelle du Saint-Sépulcre n’est pas utilisée. Depuis l’instauration du tramway le rôle de place noyau a également augmenté. La place n’est pas tournée vers la captation des touristes (comme la plupart des espaces publics du Vieux Nice), ce qui se traduit par une appropriation importante de la place par les riverains. Cela est bien significatif, car dès ses origines, la place avait été conçue à l’attention des classes populaires des quartiers historiques de Nice Est.

Aujourd’hui les utilisateurs de la place sont donc majoritairement des riverains mais il y une mauvaise répartition des activités autour de l’espace public : la partie nord est constituée de friches commerciales qui réduit son attractivité générale et montre que le dynamisme de la place est encore à améliorer. Les flux piétions sont surtout intenses au sud et au centre de la place. La mixité des activités se traduit par une occupation de la place qui est importante en fin de matinée et en fin d’après-midi. L’activité est plus faible le soir. Malgré l’amélioration de la situation, la place Garibaldi reste une place sous exploitée par rapport à son statut et à son gabarit. L’amélioration de l’attractivité économique tend à atténuer à cette situation.

Enfin, la dimension de la place et les récents travaux de requalification permettent un relatif équilibre entre l’espace public, semi-public et privé. Il s’agit d’une rupture avec ce qu’était devenue la place au cours des dernières décennies : un carrefour giratoire goudronné avec des zones de stationnement dans les espaces interstitiels.

   

Figure 6.6 :

Modèle conceptuel de la place Garibaldi

 

 

Le tableau du diagnostic

L’arrivée du tramway est un point fort pour la place qui a permis de la réaménager complètement : piétonisation de la place, réduction à deux voies de circulation et incorporation du tramway. Cependant la mauvaise segmentation de la place coupe la place du Vieux Nice et de son flux de passants et touristes. De plus, cette petite voie de communication accueille la circulation des bus et accentue ce phénomène de coupure. Il serait intéressant soit de modifier le trajet des bus afin qu’ils ne passent plus sur la place ou alors de supprimer cette voie de communication. La menace est que l’intensification des flux de véhicules reprenne la main sur les usages piétons de la place, compromettant le difficile équilibre récemment trouvé entre les différents usages.

La localisation de la place Garibaldi à l’interface de plusieurs quartiers et sa bonne accessibilité sont des atouts pour les établissements qui souhaitent s’y installer. Un autre atout est la mixité résidentielle et commerciale. Celle-ci se traduit par la présence de nombreux commerces de faible importance. Cependant, il y a quelques limites puisque il y a des friches commerciales qui persistent sur le côté nord de la place, à proximité d’établissements bancaires au très faible pouvoir de captation de flux et d’animation de l’espace public. Cette mauvaise répartition spatiale des usages se double d’une répartition temporelle inhomogène, la place étant attractive principalement vers midi et en fin d’après-midi et plus précisément le week-end. Ces friches constituent en même temps une opportunité, car elles recèlent un potentiel d’accueil pour des nouvelles activités susceptibles de dynamiser la place. Des nouveaux restaurateurs pourraient ainsi s’installer sur la place, disposant encore d’importantes surfaces en plein air transformables en terrasses. Ainsi, l’espace public vide apparait comme un point faible mais aussi comme une opportunité. L’activité touristique pourrait également être renforcée par l’accueil de structures hôtelières sur les abords de la place. Il serait au contraire dangereux d’augmenter le nombre de banques.

La chapelle du Saint-Sépulcre est aussi un atout, constituant en soi un point de repère sur le pourtour de la place. Cependant, cette chapelle est relativement inoccupée et constitue de ce fait un point faible, car elle est incapable de contribuer au dynamisme de la place. L’ancienne place royale nécessite précisément d’abriter une fonction à haute valeur symbolique sur son pourtour, dans le domaine des activités culturelles ou administratives (éventuellement économiques). Or les opportunités ne manquent pas, car juste derrière la chapelle du Saint-Sépulcre se situe la vaste structure de la Caserne Filley, que l’armée pourrait bien déclasser pour la rendre à des usages plus urbains.

D’autre part, la place Garibaldi n’est pas (ou pas encore) une place touristique ce qui lui permet de conserver une certaine authenticité, liée à son appropriation par les riverains. De ce fait, c’est une place qui a une forte imagibilité auprès des riverains tout comme auprès du reste de la population niçoise. Cela pose la question du difficile équilibre à trouver dans une politique visant à augmenter la fonction touristique de la place : la menace est la perte de l’attachement des riverains à la place et, en définitive, la perte de son caractère authentique.

La place est sous-utilisée principalement le soir et le matin. Étant donné sa proximité avec le Vieux Nice, la place pourrait proposer des activités nocturnes capables d’attirer une nouvelle population d’usagers. La place bénéficie déjà d’infrastructures de qualité pour accueillir les passants : bancs, fontaine espaces verts au centre de la place.

Actuellement, la place est une place noyau de moyenne importance mais bénéficie d’atouts considérables pour continuer son développement et s’affirmer parmi les principaux espaces publics de la ville de Nice, acquérant probablement une véritable dimension métropolitaine.

   

Figure 6.7 :

Tableau diagnostic de place Garibaldi

 

 

La proposition d'aménagement (Par Joséphine Lopez, Marcel Morgan et Marie Travard, étudiants du Master IMST, UNS)

 La place Garibaldi est une place royale datant du 18ème siècle, au départ de la route royale vers Turin, entre la vieille ville et le port. La place a été récemment réhabilitée avec le passage du tramway. Le choix de la place Garibaldi dans le tracé du tramway a permis l’amélioration de l’attractivité économique et de sa capacité à retenir les flux piétons. Cependant la mise en tourisme de l’espace urbain niçois ignore traditionnellement la place Garibaldi. L’enjeu pour son aménagement futur est donc de revaloriser son image touristique sans en faire son seul atout, mais aussi d’attirer de nouvelles activités commerciales à faible captage de flux, de permettre aux terrasses de s’étendre, tout en laissant à la population riveraine la liberté de participer à la vie de la place. Les nouveaux aménagements devront, cependant, cohabiter avec les différents flux que la place capte.

En effet, la place Garibaldi est à l’interface de trois quartiers, la République, le Port et le quartier touristique du vieux Nice, où convergent neuf rues, avec différents modes de transports (voiture, bus, tramway, cheminements piétons). Plusieurs équipements majeurs se trouvent à proximité : le musée d’art moderne, l’hôpital et le port mais aussi la Chapelle du Saint-sépulcre au sein même de la place. La place possède donc, une valeur patrimoniale et un fort potentiel touristique, amorcé par l’extension des terrasses, qui peuvent être affirmés et développés tout en préservant la qualité de vie du quartier.

L’objectif est de traduire, à partir du diagnostic établi sous forme d’un tableau, les suggestions d’aménagements en un croquis, schéma de synthèse spatialisé. C’est une première visualisation des aménagements futurs qui devraient résoudre les différents conflits d’usage. La problématique pour cette place réside, dans la recherche d’une meilleure cohabitation entre les différents flux, le développement d’activités culturelles ou commerciales de proximité et sa mise en valeur touristique.

Avant tout, il semble important de modifier les voies d’accès à la place. Dans un premier temps, il est possible de piétonniser la fin du boulevard Jean Jaurès et le début de la rue Catherine Ségurane, ce qui permettra de libérer de l’espace et de croiser différentes activités bénéficiant de celui-ci.

En conséquence, pour palier à cette fermeture, il sera nécessaire de mettre en circulation, à double sens, l’axe routier central. Une meilleure organisation et structuration des flux peut être aussi recherchée, en installant des parcs pour deux roues à proximité de la place, clairement identifiés, pour diminuer le stationnement anarchique sur la place. Enfin, l’ajout d’une navette gratuite entre la place de l’île de beauté (Port) et Garibaldi renforcerait les liens inter-quartiers.

Après cette restructuration des flux, plusieurs aménagements sont envisageables. Une végétalisation des trottoirs pourrait revaloriser la rue Cassini. La requalification de la caserne Filley en centre universitaire, ajoutera une activité à haute valeur symbolique, et par conséquent, il faudra aménager un accès direct sur la place, pour la rendre visible.

Les nouveaux espaces créés par la suppression de la route au sud de la place, favoriseront, eux, le développement d’activités à faible captage de flux (étals, commerce de proximité, terrasses supplémentaires), ainsi que la possibilité d’aménager un véritable parvis pour la chapelle du Saint-Sépulcre. Par ailleurs, la zone nord peu exploitée, pourrait accueillir de nouvelles activités commerciales et culturelles. Dans ce cadre, le cinéma d’essai Mercury pourra bénéficier d’une meilleure visibilité.

La diversité des aménagements et des fonctions ici proposée apportera un nouveau dynamisme, toujours compatible avec l’organisation d’évènements sur le vaste espace public ouvert.

   

Figure 6.8 :

Croquis place Garibaldi