Objectif du module 3

Après avoir vu l'insertion de la place dans le tissu urbain (Module sur le contexte), les analyses du présent module permettent d'appréhender plus précisément les caractéristiques propres de la place publique en tant qu’espace en soi. L’objet d’analyse sera ainsi uniquement le périmètre de la place et les bâtiments qui la bordent.

L’étude de la composition de la place constitue le cœur de l’approche architecturale de l’espace public. Dans ce qui suit, la composition de la place sera conçue comme l’élément de conjonction entre la composition architecturale des bâtiments qui la bordent et la composition urbaine du plus vaste espace dans lequel elle se situe (cfr. module sur le contexte). Même si toutes les places n’ont pas fait l’objet d’une composition unitaire de la part d’un seul concepteur (comme la place St-Pierre à Rome de la part du Bernin ou la place du Capitole de la part de Michel-Ange), on peut parler d’une composition globale de la place, issue de l’intervention collective et échelonnée dans le temps  des concepteurs des différents physiques éléments concourant à la conception de la place. P. Pinon (1992) parle également de la différence entre une composition volontaire (même si partielle) d’un fragment urbain et une composition de fait, résultante d’interventions individuelles qui n’avaient pas pour but une action compositive. La notion de composition renvoie précisément à l’articulation entre des parties et un tout (ici la place) cohérent, global et qui acquiert de ce fait un sens qui lui est propre. Plusieurs éléments concourent ainsi à la composition d’une place : l’architecture des bâtiments, le rapport entre espaces pleins et espaces vides, le traitement des espaces ouverts, les éléments du mobilier urbain, etc. Schématiquement, l’analyse de la composition se structure ainsi en trois sections, selon une logique allant du général au particulier.

En premier lieu, l'analyse morphologique de la place consiste à dégager à partir d'un plan de masse, les caractéristiques de forme de la place. Il s'agit de mettre en évidence les relations entre l'espace plein (bâtiments) et l'espace vide (rues, place...), la géométrie de la place et la disposition de la voirie par rapport à elle. Cette analyse permet la compréhension des formes urbaines et de leurs genèses, en mettant en valeur leurs relations, leurs limites, leurs contenus, leurs matières, etc.

En second lieu, l'analyse typo-morphologique est une lecture de la composition architecturale des bâtiments qui bordent la place. Elle permet d'identifier un certain nombre de caractéristiques relevant de la typologie architecturale des bâtiments tels que l'étude de leur gabarit, de leur masse, de leur système constructif, du traitement des façades (rythme, disposition des ouvertures, ornementations..), de leurs implantation (orientation, hauteur, etc.) ainsi que de leur plan (distribution intérieure). L’objectif au final est de dégager des typologies architecturales des lieux, et de les mettre en relation avec leur assemblage au sein de l’espace de composition qui est la place.

Finalement, l'analyse aborde le traitement de l’espace public ouvert. La composition de la place s’enrichit en effet d’éléments plus éphémères que les bâtiments, mais tout aussi essentiels pour lui donner une certaine cohérence : le mobilier urbain, les revêtements du sol, les végétaux, les systèmes de lumière urbaine. Epiderme du support physique de la place, ces éléments contribuent  grandement aux aspects plus sociaux et fonctionnels (appropriations, usages, perceptions) de l’espace public de la place.