La composition urbaine de la place du Général de Gaulle
L’analyse morphologique
Figure 3.49 : Plan de la Place du Général de Gaulle |
Figure 3.50 : Composantes de la Place du Général de Gaulle |
La place du Général de Gaulle (place de la Libération) se compose en deux éléments de formes et de dimensions différentes. Une place rectangulaire devant l’ancienne gare de chemin de fer de Provence sert de parvis à cette dernière et s’organise en largeur par rapport à elle. La seconde place est de forme circulaire, et se situe dans la continuité de la place rectangulaire à la convergence avec plusieurs rues. Cette partie circulaire obtient son orientation de l’arrivée de l’Avenue Malaussena (un des principaux axes urbains de la ville de Nice), qui ne traverse pas la place mais bute visuellement sur sa façade nord. Ensemble, les deux éléments forment quelque chose qui est à mi-chimin entre une place composite et un véritable système de deux places interconnectées.
Figure 3.51 : Photo panoramique de la place du Général de Gaulle |
La place est à son tour accolée au jardin public de la Villa Thiole et forme un système d’espaces publics (place+jardin). Le tout se trouve sur le prolongement de l’axe de croissance urbaine qu’est l’avenue Malausséna dans un tissu marqué par son tracé régulier avec des voies structurantes qui décrivent des mailles de taille et de formes différentes (avenue Malausséna, boulevard Joseph Garnier). Le bâti est planaire occupant la parcelle dans sa totalité et entourant des cours de dimensions diverses. Le bâti entourant la place épouse sa forme arrondie, sauf du côté sud vers où aboutit l’avenue Malausséna qui reste complètement ouverte sur toute la longueur du côté sud de la section rectangulaire (Voir ci-dessous).
Figure 3.52 : L’ouverture de la place côté sud. La largeur importante de la voie dessine un profil carré (H=L) |
Figure 3.53 : Le jardin public vu de la place |
D’un autre côté, la partie est de la place Ch. De Gaulle reste elle-aussi ouverte et se prolonge par le jardin public (Jardin Villa Thiole). Toutefois, l’ouverture est relativement atténuée par la présence d’une clôture transparente en grillage.
L’analyse architecturale du bâti
Le gabarit :
Le bâti se caractérise par son gabarit en R+5 et dessine un profil rectangulaire élancé. La hauteur des bâtiments est légèrement supérieure à la largeur des voies.
Figure 3.54 : Illustration du profil caractéristique de boulevard Joseph Garnier, à l’extrémité nord-ouest de la place |
La présence d’arbres le long de la voie atténue cette impression d’élancement du bâti et recadre le plan visuel à l’échelle du piéton.
Figure 3.55 : Coupe de la place du Général de Gaulle en regardant vers le nord |
Ce dernier profil réalisé sur la partie rectangulaire de la place, au niveau de la gare montre l’importance de la largeur de l’avenue Malausséna, combinée avec le parvis de cette gare. Ceci s’explique par la présence du Jardin de la villa Thiole, qui constitue une ouverture de la place de ce côté, en dépit de la clôture de ce dernier. Cette clôture n’assure pas la fermeture à cause de sa transparence et de sa petite hauteur.
Le bâti :
Nous distinguons plusieurs types architecturaux au sein de la place de La Libération. Des bâtiments d’une architecture datant de la « belle époque » délimitent au nord et à l’ouest la partie circulaire de la place. Ce sont des bâtiments d’une architecture élaborée. Leurs façades sont composites, et reçoivent des traitements différents avec des matériaux variés. Elles sont caractérisées par la profusion des décorations et l’utilisation d’un langage architectural de type éclectique.
Figure 3.56 : Les bâtiments « belle époque » |
Figure 3.57 : Les façades « belle époque » |
Les façades « belle époque » sont riches et complexes. Sur la façade du bâtiment nord (à gauche) sont présents un soubassement, un corps et un couronnement qui comprend deux niveaux surmontés d’une charpente en tuiles. Ces entités sont mises en évidence par des limites d’étages représentées par les balcons filants. L’élément central bénéficie d’un traitement particulier, il est en saillie par rapport à la façade et constitue un élément de symétrie parfaite.
Les ouvertures, quant à elles, sont toutes sous forme de balcons individuels tantôt rectangles tantôt surmontées d’un arc surbaissé avec des appuis en fer forgé. Le balcon devient filant au quatrième niveau sur toute la longueur de la façade dont l’appui est en dur.
Les angles de ce bâtiment sont remarquablement traités en arrondi surmonté d’une coupole. Les ouvertures à cet endroit reprennent les rythmes des ouvertures de la façade. Toutefois, les balcons disparaissent au milieu de l’arrondi au profit de fenêtres, excepté le dernier niveau.
La façade de l’immeuble à l’ouest (à droite dans l’image) jouit d’un traitement différent de la précédente. Il s’agit d’une façade composite où les différents niveaux reçoivent des traitements variés avec des matériaux tout aussi différents. Ainsi, le deuxième niveau est traité par un parement en pierre de taille avec des nervures horizontales, tandis que les autres niveaux à l’exception des angles, sont traités avec de la brique de couleur blanche. Les ouvertures du premier, second et troisième niveaux sont des balcons individuels avec des appuis en dur. Le reste des balcons reçoit des appuis en fer forgé à l’exception de celui du dernier niveau, un balcon filant avec un appui en fer forgé. Ici aussi, l’angle est traité différemment. Sur les trois derniers niveaux, le matériau utilisé est sous forme de parement avec rayures. Il est surmonté d’une voûte croisée supportant une coupole.
Figure 3.58 : L’architecture moderne |
Le bâtiment sur la bordure est de la place est plus récent, sa façade principale, d’une architecture moderne, suit la forme de la place. De forme épurée, elle renonce aux décorations étant, selon les percepts de l’architecture moderne, la simple expression de sa structure intérieure. Les angles ne sont pas marqués contrairement aux autres bâtiments.
Figure 3.59 : La façade du bâtiment moderne |
Deux types d’ouvertures marquent cette façade. D’un côté, on trouve des fenêtres se répétant deux à deux sur toute la hauteur de la façade et sur la largeur du premier niveau. Elles représentent des rectangles plus larges que hauts. De l’autre côté, on remarque la présence de portes à faux filants sur toute la partie de la façade.
Le plan de la place, notamment dans sa partie supérieure (circulaire) montre que les bâtiments qui la bordent s’orientent tous vers elle. Tous les rez-de-chaussée sont occupés par diverses fonctions qui ont pignon sur la place. Aussi les entrées des immeubles sont pour la plupart localisées à cet endroit, ce qui attire des flux qui participent à l’animation de la place (ce point sera développé dans le module sur les fonctions).
Figure 3.60 : Le plan de la place : la disposition des entrées des immeubles |
Le traitement de l’espace public ouvert
Pendant longtemps, la place a joué le rôle d’un carrefour de part sa forme circulaire vers laquelle convergent les voies de circulation. Ceci a eu pour conséquence la dégradation de l’espace public, qui a été goudronné et affecté à la circulation ou au stationnement des véhicules. En 2007, l’installation d’une ligne de tramway en son centre a engendré un réaménagement complet de la place. Cette opération a aussi inclut le jardin de la Villa Thiole créant ainsi un vrai espace public de qualité.
Le mobilier urbain :
Les bancs sont de deux types : des bancs métalliques disposés sur le pourtour nord de la place et des bancs en béton de forme arrondie, disposés dans la partie centrale et interrompus par le passage de la ligne du tramway.
Figure 3.61 : Les bancs de la place du Général de Gaulle. |
Figure 3.62 : Les étals du marché |
Les étals du marché sont une composante essentielle du mobilier de la place. Ils sont traités par un dispositif en acier, couvert par une structure en toile rabattable permettant la protection de la pluie et du soleil. Les étals se trouvent le long du tracé du tramway, tout en étant tournés vers les trottoirs des deux côtés de la chaussée et tournent le dos au tram.
Des candélabres aux formes différents sont coordonnés avec les matériaux et les styles des bancs et des étals. Les panneaux de signalisation sont en petit nombre disposés à des endroits précis afin de ne pas trop encombrer la circulation piétonne.
Figure 3.63 : Les candélabres |
Traitement du sol :
Comme pour la place Garibaldi, le sol est traité de manière à distinguer et à séparer la circulation piétonne et mécanique. Les espaces piétons sont traités avec des pavés sous forme de rectangles. Pour séparer les deux types de circulation, des bornes métalliques ont été utilisées.
Figure 3.64 : Le traitement du sol |
Figure 3.65 : Plan d'utilisation du sol |
La végétation :
Nous distinguons la présence de deux surfaces gazonnées de part et d’autre du tracé du tramway, ainsi que des arbres se trouvant soit à l’intérieur de ces surfaces, soit sur les trottoirs. Ces surfaces de végétation sont délimitées, côté piétons, par un long banc public en béton de forme arrondie et par un pavé.
Des arbres sont présents également dans le reste de la place, protégés soit par des bacs en acier soit par des grillages au sol.
Figure 3.66 : Les surfaces gazonnées et les arbres dans les bacs |
Mise en perspective des analyses :
Ces analyses montrent une place à la morphologie composite, constituée de deux sous-espaces principaux et ouverte vers un jardin public. La partie circulaire, conçue comme place-carrefour à la confluence de plusieurs rues rappelle les morphologies typiques des interventions haussmanniennes à Paris. La partie rectangulaire est à la fois conçue comme parvis pour une gare ferroviaire et comme espace de transition vers le jardin public de la villa Thiole. Dès la période de sa première conception (fin du siècle XIX), les choix d'aménagement de cette place composite ne reprennent pas les caractéristiques esthétiques des places anciennes notamment la fermeture de la place, la relation avec un bâtiment principal et la disposition des accès. Le style « belle époque » des bâtiments renvoie à une image de faste en lien avec l'arrivée des touristes par le train.
Aujourd’hui, comme toutes les places niçoises rénovées suite à l’arrivée du tramway, la place du Général de Gaulle est caractérisée par un mobilier urbain coordonnée, par un traitement du sol soigné et par l’intégration d’éléments végétaux. Ses particularités sont la présence d’un mobilier dédié au déroulement du marché en plein air et celle d’un espace gazonné au centre de la place, traversé par la plateforme du tramway.