La composition urbaine des places Rossetti/Halle aux herbes.

L’analyse morphologique

   

Figure 3.34 :

Place Rossetti/ Halles aux herbes

 

Le groupe des places Halle aux Herbes et Rossetti, se trouve en plein cœur du vieux Nice, un tissu urbain marqué par la forte densité de son bâti. Les bâtiments s’accolent les uns aux autres de façon linéaire suivant le tracé des voies qu’ils délimitent de part et d’autre. Cela forme ainsi un ensemble homogène grâce à leurs volumes et leurs gabarits. L’irrégularité des rues qui fondent ce tissu urbain se retrouve au niveau de la place Halle aux Herbes qui est la place médiévale. La place Rossetti, quant à elle, est de forme rectangulaire, produit d’une démolition de l’îlot et d’une rectification d’alignement au cours du XIXe siècle. La cathédrale Sainte Réparate est le bâtiment principal et symbolique, qui structure la composition urbaine des deux places. Son clocher les articule à la manière d’un pivot et donc les met en relation tout en assurant une fonction de séparation.

D’après le plan, on peut noter le rôle ambigu joué par la rue Rossetti, qui débouche sur l’angle nord-est de la place Rossetti : son importante largeur donne l’impression d’une continuité de la place Halle aux Herbes, et fausse ainsi la lecture de la petite place latérale à la cathédrale.

À l’exception de la rue Rossetti, la fermeture des places est assurée par les parois des immeubles mais aussi par la disposition des accès. Ces derniers sont dissimulés aux angles à tel point qu’une fois sur place, ils sont invisibles et relégués au second .plan, ce qui induit une plus grande intimité aux deux places.

   

Figure 3.35 :

La fermeture des places

 

L’accès à partir de la convergence des deux rues Mascoinat et Pont-Vieux est le plus remarquablement traité. En effet, la tour de la cathédrale qui se trouve sur l’axe de ces deux rues, ferme la perspective et donne l’impression de l’inexistence de place. Ce n’est qu’après avoir franchi le seuil de la place que nous découvrons sa présence. L’avancée de la cathédrale par cette même tour renforce la séparation entre les deux places et permet d’avoir deux ambiances urbaines différentes grâce à un seul monument et deux places.

L’analyse architecturale du bâti

Le gabarit :

Le gabarit des bâtiments bordant les deux places varie entre le R+5 et le R+4, tous les immeubles sont couverts par des charpentes en tuile.

   

Figure 3.36 :

Le gabarit

 

La coupe réalisée sur les deux places montre qu’il existe une certaine proportion entre les dimensions de la place Rossetti et la hauteur des bâtiments qui la bordent : c’est une place en longueur par rapport à la façade de la cathédrale. En revanche, la place Halles aux Herbes, est une place en largeur par rapport à la façade de la même cathédrale. Elle est écrasée par la hauteur des immeubles qui l’entourent.

 

 

 

Figure 3.37 :

Dimensions de la place Rossetti

 

 

 

 

 

   

Figure 3.38 :

Dimensions de la place Halle aux Herbes

 

 

Les façades :

Le bâti du vieux Nice se caractérise par son style architectural simple marqué par la sobriété de ses façades et leur étroitesse (on parle à leur égard de bâti typique niçois). Les façades sont caractérisées par l’uniformité de leur traitement avec des matériaux locaux ainsi que l’utilisation d’une gamme de couleurs chaudes.

   

Figure 3.39 :

Les façades

 

Les ouvertures sont sous forme de rectangles plus hauts que larges ;  elles se répètent suivant le même rythme horizontal et vertical.

   

Figure 3.40 :

Les balcons

 


Les seules saillies sont les balcons avec leurs appuis en fer forgés, ajoutés par la suite aux façades. Ces derniers sont soit des balcons individuels soit des balcons filants.

En examinant la structure des balcons, nous remarquons que ces derniers sont ajoutés a posteriori. La structure est soit laissée apparente soit recouverte par un parement en plâtre décoré par des consoles d’appui. En même temps, le rajout de balcons sur les façades s’est fait de façon coordonnée sur chaque immeuble, de façon à créer un rythme vertical sur les façades.

   

Figure 3.41 :

Les balcons différents

 


   

Figure 3.42 :

Les balcons filants

 

Parfois, des balcons filants ont été ajoutés aux niveaux inférieurs et supérieurs et entre eux des balcons individuels placés au centre.

   

Figure 3.43 :

La façade de la cathédrale

 

La façade de la cathédrale qui délimite la place Halle aux Herbes est, quant à elle, une façade aveugle sur toute sa hauteur hormis les quelques ouvertures sur le niveau supérieur.


Le traitement de l’espace public ouvert

 

   

Figure 3.44 :

Le vaste espace public conçu en fonction de la façade de la cathédrale. 

 

Le centre de la place Rossetti est complètement dégagé pour offrir une magnifique perspective sur la façade baroque de la cathédrale, caractéristique essentielle des places anciennes.

Le mobilier urbain :

   

Figure 3.45 :

Le mobilier urbain sur la Place Rossetti

 

Le mobilier urbain (bancs, panneaux publicitaires…), est inexistant au niveau des deux places, hormis la fontaine d’eau disposée sur le pourtour est de la place Rossetti et les quelques plots disposés dans l’alignement de la rue Sainte-Réparate. On peut faire le même constat s’agissant de la végétation puisqu’aucun arbre ou plante n’est visibles sur les deux places. Ceci s’explique par les dimensions des deux places et la profusion de commerces qui disposent leurs tables et chaises à même les places. Ceci constitue l’un des principaux points de faiblesse de ces deux places en tant qu’espaces publics.

La lumière :

   

 

Figure 3.46 : 

Les lumières sur la place Rossetti

 

Nous remarquons toutefois, la présence de luminaires disposés sur les façades afin de les mettre en valeur, notamment la façade de la cathédrale le soir grâce au jeu de couleurs.

Traitement du sol :

   

 

Figure 3.47 : 

Le traitement du sol sur la place Rossetti

 

Le sol est traité de manière uniforme au niveau des deux places avec du pavé. La déclivité du terrain fait que le centre de la place Rossetti est surbaissé par rapport aux deux rues, Rossetti et la rue Centrale. La déclivité diminue jusqu’à disparaitre devant la cathédrale.

   

 

Figure 3.48 : 

La déclivité du sol, sur la place Rossetti

 

 

Mise en perspective des analyses :

Initialement, la place Halle aux Herbes s’inscrivait dans le tissu urbain médiéval. Au 19ème siècle, le dégagement de la place devant la cathédrale a crée la place Rossetti qui offre un parvis minéral à la cathédrale. En effet, le centre est dégagé pour laisser place à une perspective sur le monument. En réalité, l’esprit de la composition traditionnelle des places étudié par C. Sitte a été respecté par cette intervention tardive sur le tissu du Vieux Nice : la fontaine est positionnée de façon asymétrique puisqu’elle au pourtour est de la place Rossetti, les accès qui y débouchent sont dissimulés aux angles ce qui renforce l’impression de fermeture de la place, etc. On constate cependant une certaine faiblesse dans la composition de la petite place de la Halle aux Herbes (façade aveugle de l’Eglise) qui de surcroit peut être perçue comme étant la simple continuité de la large rue Rossetti. Un problème majeur dans la composition des deux places est également l’absence d’un mobilier urbain adéquat, car les tables et les chaises qui les occupent ont uniquement un but commercial.