La composition urbaine de la Place des Yuccas
L’analyse morphologique
Figure 3.67 : La place des Yuccas |
La place des Yuccas se trouve dans un tissu urbain hétérogène. Le bâti prend des formes diverses entre barres et arc de cercles. C’est un grand ensemble de logements sociaux, conçu et réalisé dans l’esprit du mouvement moderne et où l’accent est mis sur la nécessité de construire le plus grand nombre de logements en un laps de temps assez court. Le long de la route nationale bordant la cité, on peut observer un certain alignement des bâtiments circulaires (dans les limites d’un alignement de formes circulaires). Toutefois, ce n’est pas le cas autour de la place, où l’alignement n’est pas rigoureusement observé.
La place, dans sa partie principale est de forme rectangulaire relativement allongée et occupe une portion de terrain très importante (environ 3400m²). Elle dispose aussi d’un parvis surélevé à son extrémité sud-est, connectée à la partie principale de la place par un escalier en béton relativement banal. Sur le flanc ouest de la place, se trouve une série d’arcades disposées sur le toit des boutiques.
Figure 3.68 : Le marché des Yuccas |
Sur les locaux commerciaux bordant le côté ouest de la place, les arcades ont une fonction purement décorative contrairement à la place Garibaldi où elles constituent un espace de circulation couvert.
La place est fermée de trois côtés et reste partiellement ouverte du côté nord-est. C’est une place de quartier dédiée uniquement aux piétons. Les accès à la place sont mal définis, puisqu’aucun d’entre eux n’annonce un événement ou marque l’entrée à la place. Le principal accès se fait du côté sud-ouest, il donne sur un parvis surélevé par rapport à la place et relié à elle par un escalier. Un autre accès traverse la barre qui délimite la place de son côté est. Quant aux rues qui y mènent, elles sont étroites et ne permettent pas une connexion aux autres places. Plus que de rues, il s’agit de cheminements piétons qui mènent à la place, conçus avec l’idée de créer un espace intime en tant que place du quartier.
Figure 3.69 : Localisation des accès de la place des Yuccas |
Figure 3.70 : Dimensions linéaires de la place des Yuccas |
La place des Yuccas doit également gérer la connexion avec le parvis surélevé qui la borde au sud. Actuellement le parvis est dépourvue de toute fonction (il est simplement le toit-terrasse des garages des immeubles résidentiels) et la connexion avec la place se fait par un simple escalier un béton.
L’analyse architecturale du bâti
Le gabarit :
Figure 3.71 : Le gabarit |
Le profil de la place laisse apparaitre des hauteurs de bâti très importantes par rapport à la place. Ceci produit un effet d’enfermement et d’écrasement, ce qui influe négativement sur la perception de celle-ci. La barre HLM constitue le bâtiment principal de la place, susceptible de lui donner une orientation, mais ne possède aucune fonction symbolique. Elle se compose d’un rez-de-chaussée haut de 5m avec un entresol haut à usage d’habitation. Le contraste entre le côté est complètement fermé par l’édifice barre et le côté ouest relativement mal défini par la succession des bâtiments circulaires est bien illustré par la vue perspective ci-dessous.
Le profil de la place laisse apparaitre des hauteurs de bâti très importantes par rapport à la place. Ceci produit un effet d’enfermement et d’écrasement, ce qui influe négativement sur la perception de celle-ci. La barre HLM constitue le bâtiment principal de la place, susceptible de lui donner une orientation, mais ne possède aucune fonction symbolique. Elle se compose d’un rez-de-chaussée haut de 5m avec un entresol haut à usage d’habitation. Le contraste entre le côté est complètement fermé par l’édifice barre et le côté ouest relativement mal défini par la succession des bâtiments circulaires est bien illustré par la vue perspective ci-dessous.
Figure 3.72 : Vue perspective sur la place des Yuccas |
Les façades :
La façade de la barre délimitant la place du côté est, est une façade horizontale, dont l’horizontalité est très marqué par les balcons filaires, même si elle légèrement atténuée par les lignes dessinées par les saillies des porte-à-faux et loggias. Ces lignes forment un module qui se répète le long de la façade. Mis à part ces loggias, la façade est sobre et dépourvue de toute ornementation : elle reflète l’influence du fonctionnalisme moderne qui fait abstraction de tout décor et met l’accent sur la fonction et la structure du bâtiment. Il est aussi à noter l’apparition sur la façade des antennes paraboliques qui dénaturent complètement cette façade.
Figure 3.73 : La façade du bâtiment à barre |
Les bâtiments bordant la place du côté ouest, sont tous de forme arrondie et se caractérisent par la différence de leurs gabarits. En effet, ils sont sous forme de gradins qui démarrent du R+2 pour atteindre le R+7.
Figure 3.74 : Les bâtiments camembert |
Figure 3.75 : Vue perspective sur un bâtiment camembert |
La façade est constituée par un parement en panneaux de béton préfabriqués. Les ouvertures se répètent verticalement deux à deux. Le même traitement est repris sur toute la façade dont le profil arrondi prend la forme de gradins, ce qui donne des variations des hauteurs. Par le jeu des différences de hauteurs, la création de rythmes horizontaux et verticaux, ainsi que la présence de motifs décoratifs floraux, la façade de ces bâtiments est certainement plus soignée que celle de l’édifice à barre. On remarquera cependant que ces bâtiments ne constituent qu’un arrière plan de la place, car c’est un diaphragme de locaux commerciaux d’un seul étage, surmonté par un motif à arcades, qui délimite la place sur son côté ouest.
Figure 3.76 : Les accès aux immeubles et aux commerces |
Le plan des immeubles autour de la place montre que seuls les accès des commerces se font à partir de celle-ci. Les accès des habitations sont rejetés derrière la barre et à l’intérieur des bâtiments arrondis. Cette disposition prive la place de l’animation que créent les entrées et sorties des riverains et nuit de ce fait à sa fréquentation (voire module sur les fonctions).
Le traitement de l’espace public
Conçu en même temps que les bâtiments qui le bordent, l’espace public de la place se trouve actuellement dans en état de relatif abandon.
Le mobilier urbain :
Les seuls bancs (au nombre de deux) présents sur place, sont en béton. Ils sont mal disposés autour d’une table elle-aussi en béton. Le tout se trouve à l’extrémité nord-est de la place.
Figure 3.77 : Le banc sur la place des Yuccas |
Les bacs à fleurs sont eux-aussi en béton, disposés de manière anarchique et ne remplissent pas leur fonction d’embellissement de la place. Pire encore, leur localisation au milieu de la place gêne considérablement la circulation des piétons, même si cette disposition est faite dans le souci d’empêcher l’intrusion des voitures. Au demeurant, les bacs sont dépourvus de toute plantation végétale.
Figure 3.78 : Les bacs à fleurs |
Sur le flanc ouest de la place sont disposés des étals de marché. En acier et couverts par une structure en toile, l’alignement d’étals anime quelque peu la composition de la place.
Figure 3.79 : Les étals de marché |
Traitement du sol , la lumière, la végétation :
Le sol est traité avec du pavé uniforme sur toute la surface de la place, créant une unité avec le mobilier de part le matériau utilisé.
Figure 3.80 : Le traitement du sol |
Les illustrations montrent l’état d’abandon dans lequel se trouve actuellement la place (affaissements du sol remplis d’eau, dégradation du mobilier, etc.) et l’impression de vide fournie par le vaste espace public déserté.
Les candélabres assurent un éclairage strictement fonctionnel sur la place, sans aucun souci de mise en valeur d’éléments architecturaux ou de création d’ambiances. La végétation, absente des bacs à fleurs, est en revanche présente sur le pourtour de la place, surtout vers la grande ouverture au sud. On regrettera en revanche la faible mise en valeur de ces éléments végétaux.
Mise en perspective des analyses :
La place des Yuccas est située au cœur du quartier des Moulins, un ensemble de logements sociaux de grande taille, construit entre la fin des années 60 et le début des années 70. Les bâtiments qui la bordent sont des blocs disposés indépendamment les uns des autres. La place apparaît alors davantage comme un résidu du découpage de l’ensemble en unités autonomes, puisqu’elle n’est pas capable d’organiser les bâtiments qui la bordent. Son traitement s’est fait dans l’esprit du mouvement moderne, reprenant de la conception ancienne de la place uniquement le traitement minéral des sols et l’évitement de grandes rues débouchant sur la place. La place ne se définit pas par rapport à un bâtiment principal à haute valeur symbolique et son caractère introverti découle d’une volonté affichée de ses concepteurs de créer un espace intime pour les seuls habitants du quartier. La composition de la place gère également de façon médiocre la connexion avec le parvis surélevé et l’espace végétal qui le délimite au sud. De surcroit, le mobilier urbain est réduit à l’essentiel et se trouve à l’abandon.