Objectifs du module 5

 

Pendant longtemps, l’analyse géographique des espaces urbains s’est centrée sur les actions des sociétés dans l’espace, à travers les aménagements, les fonctions, les pratiques. Depuis les années 1960 et les travaux novateurs de K. Lynch, elle s’intéresse également aux perceptions et aux représentations, c’est-à-dire aux images du monde construites par les habitants dans leur pratique quotidienne des espaces. L’expression spatiale des phénomènes culturels, par exemple le rôle des différentes identités sociales et culturelles dans la création des quartiers urbains, ou encore la distinction profane / sacré de certains lieux urbains dans certains pays, et inversement, la lecture culturelle de formes spatiales comme les paysages ou les imaginaires géographiques, sont désormais des domaines bien explorés. C’est dans ce cadre que se situe ce module.

« Toute démarche humaine repose sur des représentations, c'est à dire des images de la réalité. Celle-ci ne peut jamais être atteinte directement et sa saisie est toujours partielle. Elle dépend à la fois de l'objet perçu et de celui qui le perçoit, de ce qu'il est, de son idéologie, de son environnement, c'est à dire de ses valeurs (idées ou principes auxquels on tient et souvent partagés ou influencés par le/les groupes auxquels on appartient) » selon B. Mérenne Schoumaker (2002, p.83). Ainsi la perception de l'espace urbain est différente selon le ou les usagers ou le ou les analystes.

La perception de l'espace est un élément déterminant dans la caractérisation des espaces publics. En effet, l’ensemble des éléments de représentation spatiale des espaces publics urbains sont nombreux et divers : images visuelles d’abord, mais également valeurs, symboles, sensations, impressions, odeurs, etc. ; et ils interagissent tous avec d’autres aspects de l’espace public : fonctions, usages, fréquentations, composition, etc. La qualification des espaces publics est donc tout autant le fruit de la réalité que de la perception qu’en est faite. Certes, les images, les valeurs, les symboles attribués aux espaces publics urbains varient suivant qui les fréquente, à partir de quel lieu, en quelles compagnies, avec quelles connaissances, etc. Mais ces représentations, si elles sont fondamentales, n’en sont pas moins extrêmement difficiles à saisir et à comprendre pour deux raisons. D’une part, les perceptions reposent sur des critères d'appréciation ou de répulsion subjectifs, qui relèvent bien souvent des idéologies, des histoires personnelles, voire de la psychologie, et qui sont donc difficiles à évaluer, surtout pour un géographe ou un urbaniste. D’autre part, elles s’inscrivent souvent dans la diversité de l’individu, et les confrontations de représentations spatiales mènent parfois difficilement à la mise en évidence des points communs. Pourtant, des outils, conceptuels et théoriques, existent et peuvent nous guider dans la compréhension des perceptions de l’espace urbain.

Ce module a pour objectif de montrer de quelles façons un individu ou un professionnel de l'espace se représente la place dans le paysage urbain et quels outils peuvent être utilisés pour analyser ces représentations.