Le diagnostic systémique de la place Charles de Gaulle

L'analyse systémique

La place Charles de Gaulle est une place de type haussmannien qui se caractérise par la présence de grandes avenues (principalement l’avenue Malausséna, prolongement de l’artère centrale de la ville de Nice) qui convergent vers la place et déterminent sa forte accessibilité.

La réhabilitation de la place avec la venue du tramway a engendré un réaménagement offrant de nouveaux espaces piétons et du mobilier urbain pour le marché. Cela se traduit aussi par une modification du fonctionnement de la place : la place est devenue accessible par plusieurs modes de transports : tramway, voiture, vélo, marche…

La place constitue de ce fait un nœud et un noyau. La place nœud est fonction de la bonne accessibilité de la place (convergence des rues, moyen de transport), la place noyau est fonction des activités qui constituent la place. Avec le Cours Saleya, cette place est le seul espace public du centre de Nice qui accueille un marché tous les jours. Le marché est l’activité principale de la place, dont le dynamisme est fonction du marché. La fréquentation de la place est ainsi intense le matin jusqu'à midi, quand les étales du marché ferment. Pendant la matinée, des conflits d’usage surgissent de la superposition de plusieurs activités : déplacements piétons, tramway, circulation automobile, marché. Le soir, la place devient une place de transit car il y a très peu d’activités qui captent les individus.

L’accessibilité de la place, la position de la place à la tête de l’axe central nord / sud de la ville de Nice et la présence du marché, sa position à l’interface de plusieurs quartiers favorisent l’attractivité économique de la place. Plusieurs activités secondaires se sont implantées sur la place : restaurant, commerces, administrations et plusieurs banques. La sur-représentation des banques au sein de la place réduit cependant le dynamisme de la place : les guichets de banque contribuent très peu à l’animation de la place et sont fermés le soir.

Un autre élément influence négativement le fonctionnement de la place : la présence de la friche de l’ancienne gare du Sud, fermée depuis le début des années 1990. Celle-ci est désormais utilisée comme un parking, ceux qui par ailleurs accroit l’accessibilité de la place. Cependant, le caractère délabré de la gare et l’appropriation de celle-ci par une population marginale font de ses abords un secteur répulsif de la place. Les abords de la gare accueillent ainsi très peu d’activités une fois le marché terminé et constituent un secteur sous utilisé. La fréquentation de la place se résume à la partie nord et au secteur du jardin.

Globalement, les usages de la place sont multiples : déplacements, flânerie au sein ou autour du jardin, commerce, services administratifs…. il y a un relatif équilibre entre l’espace public, semi-public et privé (résidentiel) qui donne aux usagers comme aux riverains une perception positive de la place. Cependant, le soir, la faible utilisation de la place croisée avec la présence de population marginale dans le secteur de l’ancienne gare influent négativement sur cette perception.

Enfin, la présence d’architectures patrimoniale (façades belle-époque, façade du bâtiment de la gare), la réhabilitation de la place avec l’arrivée du tramway, l’impression de fermeture de la place et le fait que ce soit une place de marché concourent à la forte imagibilité de celle-ci ainsi qu’à son attractivité.  

   

Figure 6.12 :

Modèle conceptuel de la place Charles de Gaulle

 

 

Le tableau du diagnostic

La réhabilitation de la place du Général de Gaulle est un point fort puisque désormais, la place est principalement une place piétonne. La place de la voiture a considérablement diminué et ne se résume qu’à une voie de circulation à double sens. La friche liée à l’abandon de la gare du Sud constitue sa principale faiblesse puisque celle-ci «gangrène » les espaces alentours : faible attractivité et faible dynamisme des activités, faible fréquentation de la part de la population, etc. Cependant, l’ancienne gare représente une énorme opportunité pour le développement de la place, car elle sera capable d’accueillir de nouvelles activités au sein d’un espace à haute valeur patrimoniale. Il s’agit d’une opportunité d’autant plus remarquable, compte tenu du besoin d’installer sur les abords de la place des activités capables de suppléer le marché une fois celui-ci terminé.

La piétonisation de la place a également créé des espaces vides, notamment autour de la gare. Il s’agit d’espaces interstitiels non utilisés par le marché et qui n’accueillent aucune autre activité. Ces espaces recèlent également un grand potentiel : une fois la friche de la gare résorbée, ils pourront attirer de nouvelles activités et notamment des restaurateurs qui auront la possibilité d’y établir leurs terrasses. L’ancienne gare et ses alentours constituent alors la plus grande opportunité pour atténuer les dysfonctionnements constaté aujourd’hui au sein de la place.

Les étales de marché sont des équipements installées avec la rénovation de la place. C’est un point fort puisque désormais, il y a une distinction entre l’espace semi-public et l’espace public. Cela constitue un atout pour le déplacement des piétons. Le départ du marché laisse néanmoins ces étales vides l’après-midi et le soir. On peut voir ici aussi une opportunité pour d’autres activités, susceptibles de les réutiliser et de contribuer à l’animation de la place après le marché.  

Un des points négatifs de la place reste en effet la mauvaise répartition spatio-temporelle des activités. Les activités bancaires sont en synergie avec les autres activités de la place et notamment le commerce : les usagers retirent de l’argent aux guichets avant de faire leurs courses. Mais les banques favorisent l’idée que la place est un lieu de transit et ne contribuent pas à l’animation de l’espace public. C’est un point faible mais également une menace car la multiplication de banques dans le secteur récemment constaté peut concourir à faire de la place une zone peu attractive et vide.

La mauvaise répartition temporelle des activités découlent de cela : le marché est l’activité la plus attractive au sein de la place, une fois celle-ci terminée, aucune autre activité ne peut la suppléer. Seules les activités de restauration sont actuellement capables de capter des flux importants sur la place en fin d’après-midi et le soir.

En conclusion, la forte imagibilité de la place ainsi que la perception positive liée au marché sont ses principaux atouts. Les suggestions portent sur l’atténuation des facteurs qui altèrent cette perception positive en améliorant la captation des individus et en diversifiant les activités, et notamment sur l’opportunité de régénérer la friche de l’ancienne gare par l’accueil de nouvelles activités à fort pouvoir attractif (centre culturel, galerie marchande, espace de loisirs nocturnes, etc.).

   

Figure 6.13 :

Tableau diagnostic de la place Charles de Gaulle

 

 

 

La proposition d'aménagement (Par Marion D’Angelo et Marion Pantalacci, étudiantes du Master IMST, UNS)

La place Général De Gaulle se situe à l’intersection de plusieurs quartiers de Nice Nord entre la rue Malausséna et le boulevard Borriglione, elle est un espace public populaire niçois qui a pour particularité d’accueillir un marché les matins du mardi au dimanche de chaque semaine.

La convivialité de cet espace est néanmoins détérioré par une conception un peu haussmannienne de la place, prévoyant la traversée par de nombreux axes de communication. Avec la montée du concept de développement durable urbain dans l’opinion publique, les urbanistes portent une attention renouvelée sur ce qui devrait être un espace public en intégrant pleinement les aspects de sociabilité et de qualité de vie.

C’est dans ce contexte que dans les années 2000, la place a subi un important réaménagement avec l’insertion de l’axe du tramway et la recomposition du jardin contigu de la Villa Thiole, afin d’en améliorer la qualité urbaine. Cependant, cette place possède encore des atouts à mettre en valeur. Il est possible de noter que lorsque la place n’est pas animée par son marché, elle demeure vide et froide. Pourtant, elle se situe à l’intersection de plusieurs quartiers niçois, ce qui la dote d’une forte accessibilité. Elle possède également des bâtiments datant de la Belle-époque qui lui donnent un caché supplémentaire. Le bâtiment de l’ancienne gare du Sud en est un bon exemple : depuis 1990, il a été fermé et jamais réhabilité. Néanmoins, ce bâtiment architectural ancien peut être une véritable opportunité une fois restauré. Tout ceci montre que cette place a largement de quoi être redynamisée.

Il apparaît ainsi intéressant de réfléchir sur une mise en valeur de la place tout en évitant les erreurs d’aménagement. Plusieurs suggestions ont été proposées comme la réhabilitation de la Gare du Sud et la réutilisation des étales de marché, lorsqu’il n’a pas lieu, pour d’autres activités. Il a fallu entre autres penser à la nouvelle exploitation du lieu, notamment à quelles activités mettre dans ce monument classé. Nous avons choisi des activités qui privilégient la culture et les loisirs, comme un théâtre, un musée destiné au Carnaval de Nice de même que des magasins et des pubs pour l’activité économique et nocturne de la place. En implantant un musée du carnaval sur la place de la Libération, nous permettons au carnaval de reprendre place dans la ville. La place Charles De Gaulle serait le point de départ du Carnaval qui redescendrait l’avenue Jean-Médecin comme jadis. De plus, le parking qui se situe derrière la Gare du Sud est un lieu de rassemblement pour la soupe populaire, l’idée de leur donné un espace aménagé nous a semblé intelligent afin qu’il ne se retrouve pas dans l’impossibilité d’utiliser ce lieu.

Actuellement devant la Gare il existe un parking plus ou moins légal qui empêche d’accéder à ce monument, nous avons décidé de supprimer celui-ci, afin de mettre en place un escalier monumental qui valorisera ce bâtiment historique. À la suite, il a semblé intéressant de mettre de la couleur sur les tentures du marché pour essayer d’estomper l’impression de gris sur la place, dû à la importante présence d’éléments minéraux. Les points faibles de cette place sont dus aux nombreux axes de circulation qui la recoupent, faisant de cet espace public une sorte de carrefour. Il est donc nécessaire de ne pas accentuer l’espace motorisé, c’est dans ce sens que nous avons décidé de réduire à une seule voie la traversée de la place et d’installer un parking souterrain afin que les voitures ne s’arrêtent plus en double file. Aussi l’implantation de nouveaux arbres peut être un atout pour rendre la place agréable en cassant l’aspect trop minéral du sol, par exemple du côté de la gare du Sud, l’idée de créer un parcours piétonnier de type mail, qui traverserait l’avenue Malausséna et rejoindrait le jardin Thiole.

Enfin, en ce qui concerne l’aménagement diurne, nous remarquons que cette place possède certes des bars, mais que l’implantation de banques augmente sur le coté est de celle-ci. Il semble important de réduire l’emprise des banques et même dans l’hypothèse de supprimer l’une d’entre elles pour mettre une brasserie à la place. Pour l’espace vert sous-utilisé situé au centre de la place une suggestion semble judicieuse en le recouvrant, sans enlever les arbres et en y installant un kiosque avec une terrasse afin d’intégrer une vie en ce lieu. En dernier lieu, une installation d’ambiance nocturne est nécessaire ; par exemple en mettant en valeur la façade de la gare du Sud accompagné d’un mobilier urbain d’éclairage qui ajouterait un côté décoratif à la place, sans oublier de placer des lumières au sol et d’instaurer une mise en lumière de la végétation.

   

Figure 6.14 :

Croquis de la place Charles de Gaulle