Le diagnostic systémique de la place des Mosaïques

L'analyse systémique

La place des Mosaïques est une place récente créée en 1985 par une ZAC et gérer depuis par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Elle se situe au centre du quartier des affaires de la ville de Nice qui est un quartier en constante évolution depuis les années 2000. Elle bénéficie d’un mobilier urbain de qualité et dispose d’un parking sous dalle, les bâtiments sont des imposantes tours de bureaux en style post-moderne, en accord avec les dernières tendances architecturales.

A l’échelle métropolitaine, la place bénéficie d’une bonne accessibilité (voiture, aéroport à proximité, gare SNCF, même si de faible importance) mais le quartier des affaires ne communique pas avec les quartiers alentours. De plus, aucune rue ne débouche sur la place ce qui lui confère une certaine fermeture à son contexte urbain tout comme une faible visibilité depuis l’extérieure de la place. C’est une place nœud de faible importance qui a du mal à capter des personnes qui ne travaillent pas sur les abords de la place.

La bonne accessibilité de la place et l’image de marque que le quartier véhicule sont des atouts pour attirer de nouvelles entreprises. Cependant, le quartier des affaires est marquée par son extrême spécialisation fonctionnelle. Cela renforce l’idée que la place soit un noyau (centre névralgique du quartier des affaires) mais implique également des grandes difficultés pour développer d’autres activités autres de celle des bureaux autour de la place. La volonté de la CCI d’empêcher les restaurants d’établir des terrasses trop importantes, la faible attractivité de la place hors des horaires de bureaux font que les activités secondaires (services aux employés des bureaux) ne sont pas dynamiques et ont même des difficultés économiques.

L’ambiance de la place est dictée par les activités de bureaux, elle est très peu appropriée par les usagers : la place est utilisée comme espace de déplacement entre les bureaux ou comme espace de repos pendant les pauses. La dimension importante de la place et la faible utilisation font qu’il y a une surreprésentation de l’espace public (conçu de façon utilitaire) au détriment de l’espace semi-public (terrasses, commerces, etc.).

L’image de marque de la place est influencée par sa position au sein du quartier des affaires de Nice. Cependant, la faible importance de la place en tant que nœud et noyau tend à altérer cette image. C’est une place fonctionnelle destinée aux usagers qui n’a pas le rayonnement qu’elle devrait avoir. 

   

Figure 6.15 :

Modèle conceptuel de la place des Mosaïques

 

 

 

Le tableau du diagnostic

La localisation de la place au centre du quartier des affaires est un atout puisqu’elle bénéficie de la bonne accessibilité du quartier au reste de la ville (bus, aéroport, train). Le quartier de l’Arenas est un quartier monofonctionnel spécialisé dans l’accueille de bureaux. La place bénéficie de cette image de marque mais aussi de ses contraintes : peu d’activités en dehors des horaires de bureaux ce qui pénalise les autres activités qui se sont installées. Ce faible dynamisme des autres activités et la difficulté de la place à attirer de nouvelles activités sont des points faibles pour la place. Cette situation est une menace car la faible attractivité rend même difficile le maintien des activités déjà présentes sur la place : ainsi, les restaurateurs disposent de peu de clients hors des heures de bureaux et le week-end. La Chambre de Commerce et d’Industrie qui gère la place n’est pas favorable à l’établissement de grandes terrasses ce qui constitue une contraintes ultérieure pour les restaurateurs. De ce fait, l’imagibilité de la place provient uniquement du quartier des affaires et de ses architectures. Une suggestion est de diversifier les activités présentes sur la place : activités culturelles et de loisirs, commerces, restaurateurs… et diminuer les contraintes qui pèsent sur ceux-ci afin d’en attirer de nouveaux. Cela contribuera aussi à une meilleure répartition temporelle des activités car un point faible de place est qu’en dehors des heures de bureaux, la place n’est pas utilisée.

La faible utilisation de la place et sa faible appropriation aussi bien par les utilisateurs de la place que par les personnes extérieures à la place est un point faible majeur. Les seuls usages sont les déplacements entre les bureaux et les pauses pendant le travail. Etant donné que la place à une connotation liée au travail pour les usagers, ils ne reviennent pas en dehors des heures de travail. La conséquence de tout cela est que la place est sous-utilisée mais il y a l’opportunité de modifier cet état : la place est affectée par une sur-représentation d’espace public et d’un espace semi-public de faible importance. La place a la possibilité d’accueillir de nouvelles activités afin d’en faire une place noyau plus affirmée : il est possible d’allouer la place à des spectacles ou à diverses activités touristiques. De surcroit, la friche au nord de la place constitue une énorme opportunité pour obtenir cette diversification fonctionnelle. Elle pourrait être utilisée pour y localiser un équipement fort différents des tours de bureaux environnantes (centre commercial, multiplex, salle de sport, espace d’expositions, centre culturel, etc.).

La bonne accessibilité de la place et la présence d’un parking sous dalle donne la possibilité aux personnes venant de l’ensemble de l’agglomération de la rejoindre sans trop de difficulté. C’est un atout commercial à mettre en avant afin d’attirer de nouvelles activités mais aussi pour atténuer les difficultés économiques que rencontrent certains restaurateurs sur la place. Le futur développement du réseau de tramway niçois, ainsi que la création à proximité du quartier des Arénas de la nouvelle gare multimodale de l’agglomération niçoise, contribueront à conforter les atouts d’accessibilité du quartier et de la place des Mosaïques.

En revanche, le manque de visibilité de la place depuis l’extérieur, l’absence de rues (et pas de simples cheminements) qui débouchent directement sur la place sont des points faibles structurels. La situation insulaire du quartier participe au manque de visibilité de la place. La friche au Nord de la place devra ainsi être développée également avec l’objectif de créer une interface avec le contexte urbain de la place et la future gare multimodale.

   

Figure 6.16 :

Tableau diagnostic de la place des Mosaïques

 

 

 

La proposition d'améngament (Par Hacène Issaoun et Mélanie Petitjean, étudiants du Master IMST, UNS)

Les solutions qui seront suggérés dans le croquis d’aménagement devront cibler toutes les populations susceptibles de fréquenter la place, et notamment : les gens qui y travaillent, les touristes de passage en provenance de l’aéroport ou de la future gare multimodale, les riverains et les habitants des quartiers environnants, les touristes qui visitent l’ouest de la ville de Nice. L’idée maîtresse est que la place sera une interface multiple : entre l’aéroport et la gare multimodale, entre le monde du travail et celui de la détente, entre des espaces privés et l’espace public dans son ensemble. De surcroît, la place devra lier et harmoniser les différents espaces culturels du quartier et contribuer au dynamisme du quartier des affaires.

Nous avons pu recenser les besoins suivants de la part des populations ciblées :

1) En ce qui concerne les cadres et la population travaillant sur le site : l’ombre, les abris contre le vent et la pluie…, le confort d’un mobilier urbain adapté (besoin d’assise), la nécessité d’un lieu de sociabilité et de détente qui favorise les rencontres et les relations humaines.

2) Les voyageurs en transit : un accès facile à l’aéroport, à la place et à la gare multimodale, un espace lisible et adapté à une population en transit, un espace de détente comprenant des structures liées aux voyageurs (commerces, services)…. ou encore plus un espace de détente total comme si on n’était pas dans une zone de transit.

3) Les riverains : des équipements pour les loisirs de la vie quotidienne (sport, cinéma, commerces, jeux), un lieu en accord avec les caractéristiques sociales des quartiers environnants (population à faible revenu dans des logements nécessitant un prolongement dans des espaces publics ouverts de qualité), un espace ouvert pour les jeunes et les enfants.

4) Les touristes et les visiteurs du parc Phoenix et du musée des arts asiatiques : une interface nécessaire entre les différents espaces culturels et les infrastructures qui les desservent, un espace convivial et vivant, pour la détente et la consommation (à l’instar du musée contemporain en Seine-St-Denis les touristes/visiteurs de l’ouest de Nice se plaignent souvent du vide autour du complexe culturel actuel).

Pour répondre à ces besoins, la proposition d’aménagement développe les points suivants :

- Une voirie à réhabiliter pour augmenter la visibilité de l’accès à la place. Pour cela on s’appuie sur une physionomie intégrée à la place, discrète, marquée par des blocs minéralisés (comme sur la place Garibaldi). De plus elle servirait d’interface entre la place des Mosaïque et un nouvel espace public à créer sur la friche au nord de la place.

- La zone de friche au nord à aménager pour en faire un espace de détente, de sociabilité et de transition. Il sera nécessaire de créer des lieux de sociabilité et de consommation : restaurants, bars, cinéma, équipement divers. L’espace sera végétalisé, ombragé, calme et convivial. Il favorisera la déambulation et la flânerie. Cet aménagement de la zone en friche est une extension de l’espace public de la place des Mosaïque qui crée un véritable système d’espaces publics. Les deux zones doivent être en harmonie et en continuité. Toutefois, une subtile séparation, physique et visuelle, est nécessaire. Le nouvel espace public sera moins ouvert et plus introverti. L’objectif ici est de le fermer visuellement sans le renfermer fonctionnellement, pour en faire un cœur de quartier plus intime. Pour ce faire il est nécessaire de le valoriser. Une architecture de type arche ou portique à arcades servirait d’interface entre la place actuelle et le nouvel espace public, assurant à la fois perméabilité et intimité du lieu. L’arche interviendrait comme un passage, sorte de tunnel ouvert donnant sur un cœur urbain à l’architecture unique. Le but est de créer du ressenti, indispensable à l’appropriation du lieu. Le nouvel espace public bénéficiera d’un mobilier urbain de qualité et en continuité avec celui déjà installé sur la place des Mosaïques ainsi que d’éléments végétaux (à implanter également sur l’actuelle place). Il constituerait également une interface, avec une continuité piétonne agréable, vers la gare multimodale plus au nord.

- Une passerelle au sud du quartier : la frange sud du quartier des affaires constitue une interface (aujourd’hui fort défaillante) vers l’aéroport. Dans le futur il sera nécessaire d’avoir un accès simplifié, agréable pour le piéton et quasi direct entre le quartier et l’aéroport. Pour cela, une passerelle peut être installée au sud permettant une traversée simplifiée des voies routières : abritée en structure légère et végétalisée. Si la même solution technique est retenue au nord, vers la gare multimodale, il faudra assurer la cohérence entre le style des deux passerelles.

   

Figure 6.17 :

Croquis de la place Mosaïque