L’analyse du contexte urbain des places Rossetti et Halle aux Herbes :

Les places Rossetti et Halle aux Herbes s’insèrent dans un ensemble urbain qui constitue le noyau historique de la ville de Nice, communément appelé le Vieux Nice. Même si l’on peut distinguer un quartier plus ancien (le véritable Vieux Nice) et une extension du XVIII siècle (la Villanova) au tissu urbain bien plus régulier, des éléments physiques majeurs (la mer au sud, la colline du château à l’est et le cours du Paillon, actuellement couvert, à l’ouest) permettent de bien délimiter un ensemble urbain unique au sein de la ville actuelle. Au cours du XIX et du XX siècle, le centre-ville niçois s’est étendu aux nouveaux quartiers sur la rive droite du Paillon, autour de l’avenue Jean Médecin et le long de la Promenade des Anglais. Le Vieux Nice (au sens plus large du terme) garde néanmoins des fonctions administratives centrales (hôtel de ville, palais de justice, palais de la préfecture) ainsi qu’un important patrimoine historique, civil et religieux, datant essentiellement de l’âge baroque. La mise en tourisme du Vieux Nice au delà du bord de mer (abritant l’Opéra et le marché aux fleurs) est en revanche beaucoup plus récente (années 1980). On peut ainsi parler pour le Vieux Nice d’un quartier historique participant pleinement à la centralité urbaine niçoise et intégré de plus en plus dans son activité touristique.

À l’exception de son extrémité occidentale, la vieille ville de Nice est caractérisée par un parcellaire serré et irrégulier d'origine médiévale (siècles XIV-XV), aux nombreuses ruelles de gabarit réduit. Bien que le parcellaire n'ait pas été planifié, il présente une adaptation à la topographie par une déformation des tracés selon le cours du Paillon au nord-ouest et la colline du château à l'est (on peut donc parler d’un parcellaire ajusté au site). Les deux places constituent un système d’espaces publics ouverts directement connectés, marquant une rupture majeure dans un tissu urbain particulièrement dense. Or cet état de fait est le résultat d’une intervention planifiée sur le tissu de la vieille ville au cours du XIX siècle, quant l’originaire place de la Halle aux Herbes fut plus que doublé par la création de la nouvelle place Rossetti au lieu d’un ancien ilot bâti.

Les deux places se trouvent dans le cœur même du quartier historique du Vieux Nice, à la confluence de nombreuses rues. Interconnectées, ces rues donnent naissance à des nombreux îlots de formes et de dimensions différentes (quoique toujours relativement réduites) autour de la place. Un certain nombre de ces rues ont structuré historiquement le Vieux Nice, comme les rues rue Mascoinat et la rue du Pont Vieux qui aboutissent à la jonction des deux places et les relient avec les chemins vers l’arrière pays, ou la rue Sainte-Réparate, assurant la connexion avec le marché aux fleurs et le littoral. Des plus petites rues (rue Francis Gallo, rue de la Halle aux Herbes) assuraient également une connexion plus directe avec la rue du Marché / rue de la Boucherie, importante pour son activité commerciale (aujourd’hui touristique). À ces rues s’en sont superposé d’autres aménagées dans le cadre des plans d’urbanisme du XIXème siècle. C’est notamment le cas de la rue Centrale, aboutissant sur l’angle nord-est de la place Rossetti (mais qui devait être prolongée jusqu’au marché aux fleurs dans les plans du Conseil d’Ornement), de la rue Droite, parallèle à celle-ci et ne rencontrant pas la place, et finalement de la rue Rossetti, assurant une connexion est-ouest avec la colline du château. En réalité, il ne s’agit pas de rues nouvelles, mais de rues élargies ou rectifiées par rapport à leur tracé ancien. Le cas plus particulier est précisément celui de la rue Rossetti, aboutissant sur la place Rossetti dans l’axe de la place de la Halle aux Herbes. Sans correspondre à un axe de passage privilégié au sein du Vieux Nice, cette rue au gabarit anormalement large pour ce vieux quartier, représente une coupure majeure dans le tissu urbain, directement connecté au système de places.

Même si les rues et les ruelles du Vieux Nice sont essentiellement dédié à la circulation piétonne, à une échelle plus vaste le système des deux places Rossetti et Halle aux Herbes bénéficie d’une très bonne accessibilité dans l’espace urbain niçois. La moderne ligne de tramway dessert ainsi les abords de la vieille ville (un passage piéton à l’issue de la rue Francis Gallo permet un accès directe des deux places à l’arrêt du tramway). Des nombreux parkings sont également présents dans le secteur de la Villanova (quartier de l’Opéra) et sur la couverture du Paillon, accessibles par les axes routiers du bord de mer et des anciens quais du Paillon.

   

Figure 2.20 :

Les places Rossetti/Halle aux herbes à l'échelle du quartier