Essentiel méthodologique : L’analyse multi-échelles d’un espace urbain.

Le raisonnement multi-échelles ou géographique repose sur la prise en compte de plusieurs niveaux d'échelles. Le terme d'échelle est employé différemment selon qu'elle s'applique à la cartographie ou à l’analyse géographique au sens plus large. En effet, l'échelle cartographique est le rapport entre les distances figurées sur la carte et les distances réelles. Ainsi, 1:50 000 ème signifie 1cm  = 500 mètres, et de manière commune, on dit qu’une petite échelle correspond à un vaste territoire et inversement. En ce qui concerne l'échelle géographique, d'après Yves Lacoste (1976), il convient plutôt de parler d'ordre de grandeur. « C'est une façon schématique et commode de classer selon leur taille les différentes sortes d'objets géographiques ou ensembles spatiaux que l'on distingue en fonction de telle ou telle catégories de phénomènes qu'ils s'agissent d'ensembles géologique ou urbain ». Par exemple, le premier ordre est un ensemble spatial allant de 15 000 à 18 000 km et le huitième ordre est un ensemble spatial mesurant quelques mètres. Il s’agit donc, en quelque sorte de différents focus spatiaux. Ainsi, on peut définir différents niveaux d'analyse spatiale en se référant à ces ordres de grandeur.

D'après Yves Lacoste (1976), chaque niveau d'observation ne laisse apparaître que certains phénomènes : la maille d’analyse détermine donc ce que l’on veut traiter et comprendre. Tous les faits ne peuvent donc être pris en considération à un même ordre de grandeur, soit parce qu'ils sont trop grands pour que l'on puisse observer leur configuration, soit parce qu'ils sont trop petits. Ils relèvent alors d'autres niveaux d'analyse. Il faut par conséquent combiner ou articuler différents niveaux d'analyse spatiale pour étudier un même phénomène, et en saisir les diverses facettes. Mais le raisonnement va plus loin. Il postule que chaque niveau géographique permet d’étudier une partie d’un phénomène, mais aussi qu’il existe des interactions entre les échelles. Ainsi, ce qui se passe à l’échelle locale interagit sur le niveau mondial : par exemple, si une ville peut arriver à s’affirmer à une échelle mondiale, cela peut être grâce à son site local, favorable à une activité commerciale et donc à son développement. L’analyse multi-scalaire intègre donc ces deux aspects.

Elle peut être appliquée à n'importe quel objet géographique ; il sera utilisé ici pour comprendre l’espace urbain. En effet, ce raisonnement prend tout son sens, en géographie urbaine et en urbanisme. Certains auteurs (B. Berry, 1964) ont même affirmé que « la ville est un système à l’intérieur d’un système », ce qui signifie que la ville est intégrée dans un réseau hiérarchisé de complémentarités lui permettant d'organiser sa région et de s'intégrer dans l'économie globale. Plus précisément, l’espace urbain peut être appréhendé comme un système local, fonctionnant essentiellement grâce aux acteurs et aux déterminants spatiaux. Et elle est aussi un objet dans un système de villes, qui interagit donc avec d’autres lieux urbains, et dont les fonctions et les processus sont autres qu’à l’échelle locale. Le raisonnement multi-scalaire permet facilement de saisir ces différentes dimensions.

Nous porterons notre attention sur un nombre limité d’échelles dans l’analyse des espaces urbains.

Les échelles métropolitaines

Le processus de métropolisation des territoires a considérablement élargi les échelles de référence pour l’analyse des villes. Pour un espace urbain donné, les échelles métropolitaines à prendre en compte sont au moins deux.

La première est celle de la constitution d’une aire métropolitaine unique par l’interaction étroite de plusieurs villes. Reliés par des réseaux de transport local (autoroutes, systèmes ferrés régionaux, RER), des villes précédemment indépendantes s’échangent des flux de plus en plus importants (de navetteurs, de chalands, d’usagers d’équipement rares, etc.) jusqu’à former un seul ensemble fonctionnel de dimension régionale. Les marchés de l’emploi et de l’immobilier des différentes villes interagissent de façon de plus en plus étroite, et des équipements d’envergure métropolitaine (aéroport international, technopôle, campus universitaire, palais de congrès et des expositions, stade olympique, etc.) sont partagés par les différentes villes de l’aire métropolitaine. Les interactions entre les différentes villes de la métropole ne sont pas toujours homogènes et équilibrées : une ou plusieurs villes-centre polarisent les concentrations d’emplois, les grands équipements et les fonctions symboliques. Des centres relais peuvent assurer également des fonctions de niche au niveau métropolitain et en tous cas structurer des sous-espaces plus réduits au sein de la métropole. Des plus petites villes, en position péricentrale ou périphérique se spécialisent dans la fonction résidentielle. L’étendue spatiale de ces aires métropolitaines peut être fort différent. D’un point de vue de la configuration finale de l’aire métropolitaine on peut distinguer des métropoles relativement mono-centriques (centrées essentiellement sur une seule ville-centre qui a été le point de départ du développement métropolitain) et des métropoles polycentriques (issues de la mise en réseaux de plusieurs foyers de développement métropolitain).

Dans une définition encore relativement restrictive, la métropole parisienne reste encore relativement mono-centrique (même si moins qu’auparavant) et englobe tout l’espace régional de l’Ile-de-France ainsi qu’une partie de la Picardie, de la Champagne et du Centre, se déployant sur plusieurs milliers de kilomètres carrées (la seule région Ile-de-France a une surface de 12 000 km2) et englobant de 12 à 15 millions d’habitants (selon la délimitation retenue). Beaucoup plus contrainte par la topographie, la métropole Côte d’Azur couvre l’essentiel du département des Alpes-Maritimes, ainsi que la Principauté de Monaco, l’extrême Ponant ligure et l’Est-Var, réunissant entre 1,2 et 1,4 million d’habitants sur une bande côtière d’environs 100 km de long. Sa structure est profondément polycentrique, car issue de la coalescence fonctionnelle de plusieurs villes-centre (Nice, Cannes, Monaco, Antibes/Sophia Antipolis). Les délimitations des aires métropolitaines sont d’autant plus difficiles du fait qu’aux périphéries, les aires métropolitaines se font discontinues. La mise en réseaux entre les villes peut ainsi laisser des espaces interstitiels déconnectés des fonctionnements métropolitains.

La seconde échelle est celle des réseaux métropolitains qui permettent à l’aire métropolitaine (et aux différentes villes qui la composent) d’affirmer son influence à un niveau national voire mondial.  Ainsi, une métropole peut disposer de fonctions dites stratégiques et de commandement pour tout un secteur de l’économie nationale ou internationale (siège des entreprises et des grands organismes, activités de conception, de recherche et développement, etc.). Les métropoles s’insèrent ainsi dans des réseaux métropolitains multiples connectant des réalités métropolitaines tantôt complémentaires et aux échanges asymétriques,  tantôt semblables et en forte interaction  réciproque. Il existe ainsi un réseau mondial des grandes places financières internationales (New York, Londres et Tokyo constituent le centre de ce réseau qui inclut également Francfort, Paris, Zurich, Milan, Toronto, Hong-Kong, etc.), il existe plusieurs réseaux européens de collaboration scientifique, et chaque métropole touristique tisse un réseau de relations avec les métropoles de sa clientèle (la Côte d’Azur se met ainsi en réseau avec Paris, Lyon, Londres, Milan, Moscou, etc., réseau bien matérialisé par des connexions aériennes et ferroviaires). Plus localement, peuvent émerger des réseaux métropolitains macro-régionaux (la Banane Bleu sur la dorsale européenne, la mégalopole de la Côte Est américaine de Boston à Washington) ou interrégionaux (comme le triangle  Milan-Turin-Gênes dans le Nord-Ouest italien). À l’échelle des réseaux métropolitains, la métropole joue un rôle précisément grâce à l’ensemble des villes qui la composent. La métropole parisienne reste le centre du réseau des métropoles françaises et assure un rôle essentiel dans les réseaux métropolitains européens en mondiaux à la fois par la concentration d’activités administratives, financières, patrimoniales et culturelles de Paris intra-muros, mais également par la concentration tertiaire de la Défense, par la recherche et développement des campus périphériques (et notamment du plateau de Saclay), par les aéroports internationaux de Roissy et d’Orly, par les châteaux de Versailles et de Fontainebleau, par le Stade de France à Saint-Denis, par Eurodisney à Marne-la-Vallée, etc.

De même, le rôle de métropole logistique de Marseille au niveau français et européen est assuré par un vaste complexe portuaire allant du centre-ville de Marseille aux terminaux pétroliers de Port-de-Bouc et Fos et jusqu’au nouveaux terminaux à containeurs de Fos. Ce rôle est également assuré par les vastes espaces logistiques autour de l’Etang de Berre et par l’aéroport de Marignane et il se double aujourd’hui d’un nouveau rôle techno-métropolitain symbolisé par les récents technopôles (Château Gombert, Aix-l’Arbois) et par le centre de recherches nucléaires de Cadarache (accueillant le projet international ITER).

Tout comme les autoroutes et les réseaux ferrés locaux au sein de la métropole, les aéroports et les infrastructures de la grande vitesse ferroviaire jouent un rôle essentiel dans la mise en réseau physique des métropoles à une échelle nationale et internationale.

   

Figure 2.16 :

Schéma des différentes échelles d’analyse

 

 

L'échelle de la ville est plus restreinte et se définit généralement par les limites administratives de la gouvernance urbaine (ce qui dans le passé aboutissait à un statut juridique particulier de « ville », assurant des libertés particulières à ses habitants et certaines prérogatives à ses pouvoirs locaux) ou par une différenciation morphologique des espaces (densité, topographie,  continuité du bâti, aboutissant à la notion d’agglomération urbaine). Les fonctions comprises dans cet espace deviennent stratégiques pour la ville et en font son identité (ville industrielle, touristique...). L’évolution historique de la ville en tant qu’espace unifié de gouvernance urbaine marque encore sa structure actuelle, dans un contexte où l’urbanisation a largement dépassé les limites administratives. Il est ainsi possible de mettre en évidence une espace de centralité, qui englobe souvent un centre historique plus ou moins étendu et contient l’essentiel des pouvoirs locaux (hôtel de ville, chambres consulaires) et des fonctions symboliques (cathédrale, musées, théâtres, rue commerçante, etc.). Autour de ce centre s’étend une périphérie urbaine, plus ou moins homogène, car souvent marquée par les politiques du zonage du second après-guerre. Dans cet espace périphérique, des nouvelles centralités secondaires peuvent avoir émergé au cours du temps (concentration d’activités commerciales et tertiaires autour d’un échangeur autoroutier, nouveau quartiers périphérique des affaires, etc.). Centre(s) et périphérie sont normalement reliés pas des grandes axes qui superposent des infrastructures de transport (routes, métro, tramway) à des plus fortes densités de populations et d’activités. Cela permet de définir une structure générale pour la ville, éventuellement contrainte par le relief et l’hydrographie (radioconcentrique et isotrope, ramifiée, linéaire, etc.).

Les plus grandes concentrations d’activités et de valeurs symboliques ainsi que le grands équipement rares (aéroport, cité administrative, hôpital universitaire, etc.) relèvent souvent de logiques métropolitaines, assurant l’insertion de la ville dans un plus vaste contexte d’aire métropolitaine. Dans ce contexte, le centre-ville citadin prend également une connotation différente dans le cas d’une ville-centre  pour la métropole ou dans celui d’une ville secondaire.

L'échelle intermédiaire du quartier

La ville se compose en plusieurs unités intermédiaires, physiquement ou fonctionnellement reconnaissables et contenant l’essentiel des relations de proximité de ses habitants (dans un contexte métropolitain, il est vrai, où les relations de proximité tendent à s’effacer au profit de liens de sociabilité tissé au sein d’espaces plus vastes et autour des relations de travail ou des pratiques de loisir). Les quartiers peuvent être par commodité délimités par leurs définitions administratives (qui ne correspondent pas toujours à des véritables systèmes de voisinage) ou bien par des études plus fouillés sur les territoires quotidiennement parcourus et vécus par les habitants. A cette échelle, l'analyse devient plus fine. En effet, on peut analyser d’autres dimensions, plus qualitatives, du fonctionnement urbain : la qualité de vie des habitants, le cadre de vie (accès à des espaces verts de proximité, qualité du cadre bâti, exposition aux pollutions), l’attachement des habitants aux espaces de proximité, la fréquentation des lieux, l’équité spatiale en termes d’accessibilité aux équipements et aux services, etc. En somme, il s’agit de saisir tous les éléments qui n'apparaissent pas forcément à des échelles plus petites, car elles aboutiraient à des moyennes susceptibles de cacher de très fortes différences internes. Chaque quartier a une structure interne, en termes d’agencement d’espaces et d’équipements ainsi que de fonctionnements liés à ses activités. Certains quartiers sont ainsi structurés par une grande artère centrale, d’autres s’animent autour d’une place ou d’un système de places, d’autres quartiers encore sont marquées par la présence diffuse d’une certaine activité particulière (tourisme, commerce, logistique, etc.) éventuellement polarisée par des éléments de site (le bord de mère, les berges d’un fleuve, etc.). Les quartiers résidentiels sont avant tout marqués par l’absence d’activités, indépendamment de la forme spatiale qui le caractérise (quartier pavillonnaire ou grand ensemble de logements collectifs). Certains quartiers se voient assigner un rôle spécifique par des logiques d’ordre urbain et métropolitain (quartier logistique de la gare ou de l’aéroport, quartier des affaires, quartier de relégation socio-spatiale de populations marginales ou bien quartier résidentiel aisé, etc.).

Les quartiers ne sont en tous cas pas des entités autonomes, sorte de « villages » au sein de la ville, mais interagissent avec le reste de l’espace urbain (et en certains cas métropolitain). Les interactions se font en premier lieu avec les quartiers environnants, surtouts ceux vis-à-vis desquels des axes urbains ou de places assurent une fonction d’interface, tandis que des barrières urbanistiques particulières (le relevé d’une autoroute ou d’une ligne ferrée, un grand équipement industriel, le relief, etc.), éventuellement renforcées par des clivages socio-économiques, peuvent rendre négligeable l’interaction entre quartiers contigus. L’interaction est également importante avec les quartiers centraux dans le champ desquels se trouve tout quartier de la ville.  Par exemple, l'étude commerciale d'un quartier peut autant faire apparaître un tissu commercial local extrêmement faible et une totale polarisation du quartier par le centre-ville, autant une réelle capacité à retenir la clientèle locale et à attirer celle des quartiers limitrophes.

l'échelle micro des composantes élémentaires de la ville (bâtiments, équipements, espaces publics)

En passant éventuellement par d’autres échelles intermédiaires dont l’importance n’est pas la même d’une ville à l’autre (l’ilot, la rangée, etc.), l’échelle la plus fine sur laquelle nous arrêterons notre raisonnement multi-scalaire est celle des composantes élémentaires physiques de l’espace urbain : le bâtiment ordinaire, à usage résidentiel, tertiaire ou mixte (éventuellement décomposé en plusieurs logements et/ou unités d’activité), l’équipement public (mairie, église, école, musée, gare, etc.), l’espace public (place, jardin, rue, etc.). Du point de vue de leur constitution, ces composantes correspondent également à des éléments de mise en chantier indépendante (au moins dans la plupart des cas) et à des cellules élémentaires d’appropriation juridique de l’espace urbain (parcelles cadastrales). C’est précisément l’agencement et la mise en relation humaine et fonctionnelle de ces éléments qui fonde la constitution des objets spatiaux aux échelles supérieures (le quartier, la ville). Dans cette optique, comprendre les caractéristiques spécifiques à chacun de ces éléments (hauteur et mixité fonctionnelle d’un bâtiment, morphologie d’une place, etc.) ainsi que les modalités d’interaction entre eux (alignement des bâtiments sur une rue, convergence des rues sur une place, mitoyenneté d’un équipement public par rapport aux bâtiments ordinaires, flux de fréquentation d’un équipement public bénéficiant le jardin public et les commerces qui le jouxtent, etc.) permet de comprendre de façon menue bien de facteurs dans le fonctionnement / dysfonctionnement de tout un quartier ou une ville. D’autre part, le rôle pris par une ville dans un système métropolitain ou par un quartier au sein d’une ville, détermine bien de contraintes sur les composantes élémentaires ici analysées (augmentation ou diminution généralisée des valeurs foncières et immobilières, attractivité ou répulsion pour certaines populations et/ou activités, concentration d’équipements publics, etc.).

Bien évidemment le raisonnement multi-scalaire pourrait se poursuivre à des échelles encore plus grandes et détaillées (l’architecte sera ainsi intéressé aux fonctionnements et aux agencements des pièces et des éléments technologiques et constructifs au sein d’un bâtiment et de ses logements). Le passage de l’espace métropolitain à celui de l’unité de construction (le bâtiment, l’équipement) en passant par la ville et le quartier, nous semblent néanmoins suffisantes pour une analyse géographique des places urbaines.

L’interaction entre les échelles

Comme nous avons pu le constater, aucune échelle n’est indépendante des autres, ce qui justifie le choix du raisonnement multi-scalaire. Par exemple des phénomènes d'envergure métropolitaine se répercutent à un niveau local et inversement des événements très localisés peuvent avoir des conséquences au niveau de la ville voire de la métropole.

Ainsi, la rénovation complète d'un quartier, comme dans le cadre de l’opération Euroméditerranée à Marseille, peut avoir des répercutions sur la qualité de vie du quartier mais aussi sur le fonctionnement de la ville entière et son insertion dans l’espace métropolitain. L’opération d’intérêt nationale Euroméditerranée fut précisément entreprise pour renforcer le centre-ville de Marseille, en perte de vitesse, au sein de l’aire métropolitaine ainsi que pour mieux encrer l’ensemble de la métropole dans un plus vaste réseau de métropoles méditerranéennes (arc latin et rive Sud). Les dynamiques métropolitaines peuvent par ailleurs rendre vaines les tentatives d’amélioration du cadre de vie local des habitants. En effet, la gentrification du quartier due à l’augmentation des valeurs foncières dans un contexte métropolitain amène souvent à la substitution des populations qui habitaient le quartier avant la rénovation, par des nouvelles populations aux caractéristiques socio-économiques fort différentes.

Dans un autre contexte, le rayonnement culturel du Centre Pompidou de Paris à récemment incité à la construction d’un nouveau Centre Pompidou à Metz. Localisé dans un secteur péricentral au sud du relevé ferroviaire, le nouveau musée / espace culturel aura des impacts sur différents secteurs urbains (renforcement par élargissement du centre-ville, redynamisation des quartiers environnants, etc.) et à différentes échelles (nouveaux flux touristiques vers la ville, renforcement de Metz dans l’aire métropolitaine lorraine, création d’un lien culturel privilégié Metz-Paris par les échange avec son homologue parisien, etc.). L’interaction entre les différentes échelles est également perceptible dans les processus décisionnels ayant abouti à cette initiative. La création du centre Pompidou à Metz a certes été dictée localement par la volonté des décideurs messins de dynamiser l’image et l’attractivité de Metz  et d’améliorer son développement. Mais  cette initiative participe également à la décentralisation culturelle engagée en France  à la fin des années 90 et relevant de décisions prises au niveau national.  Bien évidemment, le bâtiment exceptionnel abritant le nouveau centre culturel peut être analysé à une échelle encore plus fine, dans ses règles de composition architecturales et dans son interaction de proximité avec le parvis que le borde, le passage de l’amphithéâtre qui permet la connexion avec le centre-ville, etc. Cela nous ramènerais encore à un raisonnement multi-scalaire, car comme déjà à Paris, l’exceptionnalité architecturale du bâtiment abritant le centre culturel contribue à sa valeur symbolique dans le cadre du plus vaste espace urbain et métropolitain.

La maîtrise des différentes échelles d’analyse est finalement un outil essentiels tant pour la compréhension des phénomènes urbains que pour les décisions d'aménagement car des interventions à une certaine échelle peuvent avoir des impacts non désirés (et contre-intuitives) à d’autres échelles.