La place des Yuccas dans son contexte historique.

 

   

Figure 1.18 :

Place des Yuccas 

 

 

 

L’augmentation importante de la population dans l’après-guerre et lors de la décolonisation, va entraîner un boom immobilier, dont les réalisations souvent conçues dans l’urgence, sont parfois bien loin de l’esprit de l’urbanisme niçois. Le quartier des Moulins situé à l’ouest de la ville est construit en plusieurs phases entre 1966 et 1975. Le quartier a été édifié selon les principes de l'urbanisme moderne composé de grands ensembles entièrement constitué de logements sociaux gérés par l’office des HLM des Alpes-Maritimes. Le quartier est accessible principalement par le Boulevard Paul Montel à l’est et une route nationale à l’ouest. Il dispose de deux places : les Amaryllis et les Yuccas proches l'une de l'autre. La place des Yuccas est une place typique de l’urbanisme de dalle des Trente Glorieuses, édifiée avec les édifices qui la bordent dans la dernière phase de construction du quartier, pour abriter les services et commerces de proximité pour les habitants de la cité. N’étant pas conçue comme une place devant structurer un secteur entier de la ville positionnée sur des grands axes de circulation, la place est accessible seulement à pieds à partir des immeubles et des espaces de stationnement internes au quartier. De forme rectangulaire, elle est bordée par deux immeubles et un mur soutenant un parvis surélevé.

Sa dénomination ne renvoie à aucun symbole identitaire de la vie urbaine, ni de la ville de Nice, ni du quartier des Moulins. Il n’est pas lié à la présence de yuccas au sein de la place non plus. Yuccas, amaryllis, mahonias sont des noms d’espèces végétales exotiques ayant servi à créer une toponymie pour l’ensemble du quartier, avec une référence probable à l’acclimatation d’espèces exotiques dans la région azuréenne, mais sans être employés directement dans la végétalisation de ses espaces publics.

Le nombre de friches commerciales sur les bords de la place semble indiquer des sérieuses difficultés dans son fonctionnement en tant que catalyseur de l’activité économique du quartier. Elle reflète en cela la marginalisation sociale et urbanistique de la cité HLM des Moulins au cours des décennies. La place reste néanmoins un lieu de vie important pour les habitants des immeubles qui la bordent. Sa configuration spatiale comme l’histoire de son statut est emblématique d’une l’ambigüité de fond dans la conception de la majorité des places de l’urbanisme de dalle : s’agit-il d’un espace public urbain à part entière ou d’un espace communautaire conçu pour la seule population du quartier dans lequel il se situe ? Jusqu’au début des années 2000 l’ensemble de la voirie et des places du quartier étaient ainsi gérées par l’office public des HLM, la ville de Nice ayant reconnu très tardivement l’importance d’inscrire ses espaces dans le système des espaces publics urbains.

La cité des Moulins est néanmoins située dans un secteur à enjeux de la ville de Nice. Proche de l’aéroport international, du quartier des affaires et de la cité administrative, elle se situe au début de la basse vallée du Var, secteur destiné à accueillir la nouvelle urbanisation de la ville de Nice. La vallée du Var fait actuellement l’objet d’une Opération d’Intérêt National et la Communauté Urbaine de Nice-Côte d’Azur prévoit de la desservir par une nouvelle ligne de tramway connectée aux deux terminaux de l’aéroport international.

Un projet de rénovation urbaine est actuellement prévu pour la cité des Moulins. Quelques démolitions sélectives permettront de percer deux axes nord-sud et est-ouest au sein du quartier, permettant de relier ses deux places aux axes de circulation urbaine et d’améliorer leur visibilité et accessibilité à partir de la future desserte par le tramway. La place des Yuccas pourrait ainsi faire l’objet d’un réaménagement ponctuel, son échec ou son succès futur dépendant probablement dès trajectoires de développement du quartier avec lequel et en fonction duquel elle avait été conçue.