La place Garibaldi
L’analyse de la composition de la place Garibaldi a montré bien de spécificités qui conditionnent sont fonctionnement. L'ancienneté du cadre architectural a ainsi des implications lourdes pour les acteurs économiques qui souhaitent s'installer notamment en termes d'enseignes et d'aménagement. La construction du tramway et l'embellissement de la place ont eut un impact particulièrement décisif. De nos jours, la place offre un visage différent de celui qu'elle avait il y a seulement cinq ans. Aujourd'hui, les fonctions présentent sur la place profitent pleinement de cet aménagement. L’analyse de la place Garibaldi se structurera dans les trois sections suivantes :
1. La distribution spatiale des fonctions
2. La distribution spatio-temporelle des usages et des flux
3. L’appropriation de l’espace
Résumé
La place Garibaldi est un symbole historique dans la ville de Nice, notamment en ce qui concerne son patrimoine (bâtiments, Chapelle du Saint-Sépulcre, statue de Garibaldi). Mais la place se situe aussi dans un quartier populaire où les commerces sont restés le principal moteur des fréquentations. Cependant, les aménagements récents ont apporté la desserte par le tramway, de nouveaux commerces, pour la plupart de restauration, et un nouvel attrait pour la population touristique. Les usagers de la place restent ainsi essentiellement des riverains, représentés par des retraités, des actifs et des adolescents, mais également d’autres habitants de la ville et des touristes, surtout en week-end et en saison. Enfin, la place Garibaldi est un espace traversé par de nombreux flux, piéton, voiture, tramway renforcés par la présence d'équipements tels que l'arrêt du tramway, la gare routière à proximité mais aussi le théâtre de Nice et le Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain. La place montre une bonne animation, assurée par la mixité fonctionnelle primaire et secondaire et par la qualité de sa composition, avec un certain équilibre entre espace public, semi-public et privé.
1. La distribution spatiale des fonctions
Les types d'espace : espace « banal », espace spécialisé.
L’espace banal et l’espace spécialisé s’articulent de façon concentrique. Sur le pourtour de la place se situent des bâtiments à usages mixtes comprenant des commerces en rez-de-chaussée et des habitations et des bureaux dans les étages. Cet espace est à son tour bordé à l’intérieur par un long portique périmétral, à usage presque exclusif des piétons. La plupart de l’espace banal est néanmoins au milieu de la place, mais il est à son tour sillonné par des corridors de circulation automobile et tramway.
On peut évaluer la répartition des espaces « banal » et « spécialisé » en calculant la superficie de chacun. L’espace banal occupe plus de 70 % de la surface de la place (8 000 m² environ sur une surface totale d’environ 11 000 m²), signe tangible de la nouvelle priorité donnée aux piétons dans le réaménagement de la place.
Figure 4.7 : Schéma de la répartition entre espace « banal » et espaces spécialisés pour la place Garibaldi |
Les fonctions symboliques de la place
Une fonction politique : de place royale à place de l’identité niçoise.
A son origine, la place Garibaldi avait une fonction symbolique extrêmement marquée : place royale, elle marquait l’entrée en ville pour les convois royaux en provenance de la ville de Turin, utilisant à cet effet la savante mise en perspective d'un édifice religieux (Chapelle du Saint Sépulcre) en tant que symbole de fonctions urbaines (Graff 2000).
Cette image de la place royale s'est perdue dans les politiques urbaines du tout automobile de la seconde moitié du XXème siècle, même si elle est devenue source d’inspiration pour le plus récent réaménagement de la place. D’autre part, dès la fin du XIXème siècle, une statue en hommage à Joseph Garibaldi est posée sur une fontaine au milieu de la place. Ce monument imposant, expliquant le nom de la place, est le seul dédié au grand héro niçois dans une place publique française, devenant par là le symbole d’une certaine identité historique et culturelle de la ville de Nice, ainsi que de son lien avec Turin et l’Italie.
Une fonction patrimoniale :
Au-delà du monument à Garibaldi, c’est l’ensemble du patrimoine architectural de la place (directement inspiré du modèle turinois, voir modules sur l'histoire et le contexte) qui témoigne de l’histoire urbaine et culturelle de la ville de Nice et de son lien politique avec l’ancienne capitale piémontaise des États de Savoie. La chapelle néoclassique du Saint Sépulcre contribue à cette fonction patrimoniale, mais n’a traditionnellement jamais fait de la place Garibaldi une place à caractère religieux. Un peu effacé dans la mémoire collective niçoise, l’origine turinoise du patrimoine architectural de la place Garibaldi devient aujourd’hui un atout pour sa mise en valeur touristique.
La fonction résidentielle
Malgré les aménagements de la place, le quartier reste dans l'ensemble plutôt populaire, il comprend des habitations à 4-5 étages, pas d'immeuble très moderne, ni de tours de bureaux. Les bâtiments autour de la place ont une hauteur moyenne (R+3) et les appartements sont relativement spacieux. Les abords directs de la place sont actuellement investis par un processus de gentrification, voyant des nouveau résidents plus aisés remplacer les couches moins favorisées de la population niçoise (les prix de l’immobilier ont ainsi atteint des valeurs entre 4 000 et 5 000 Euros le mètre carré pour un immeuble de style turinois bordant la place, valeurs bien supérieurs à la moyenne de la ville de Nice, même si inférieurs à la partie plus touristique du bord de mer).
Les fonctions marchandes
Les fonctions marchandes abritées par la place ont été cartographiées : elles comprennent 26 commerces en rez-de-chaussée des bâtiments sous les portiques à arcades. Cohabitent trois types d'activité marchande :
- Les services (banque, coiffeur, espace association, un cinéma). La présence d'un cinéma art et essai « Mercury » apporte une fonction culturelle qui draine un public cinéphile niçois depuis plusieurs générations et ainsi fait partie de l'identité de la place.
- Les commerces de proximité (fleuriste, habillement bon marché, magasin de chaussures, magasin de décoration, supermarché, primeur). Le supermarché « Monoprix » existe depuis plusieurs décennies en tant que supermarché de quartier et n'a pas été modifié depuis les aménagements de la place (pas de rayon sandwicherie et boissons fraîche développée comme ont peut le voir dans d'autres « Monoprix »). L'ensemble des commerces garde une image populaire qui correspond bien à l'image des quartiers est (Riquier, Port).
- Les restaurateurs (restaurants, cafés, glaciers) sont au nombre de onze. Ces commerces occupent une part importante de l'espace public de la place contre une redevance. Leur forte présence (près de la moitié des commerces) apporte une note dynamique à l'ensemble, crée une animation particulière qui attire également une population extérieure. A noter que la présence d'un restaurant historique réputé (cité dans les guides touristiques) le « Café de Turin » et ses établissements annexes voisins (« Petit Turin », « Jo l'écailler », « Turinissimo »).
Figure 4.8 : Les fonctions marchandes abritées par la place Garibaldi |
Figure 4.9 : Le « Café de Turin », établissement historique de la place Garibaldi |
Par ailleurs, dans les étages, de nombreuses professions libérales se sont installées notamment des architectes, avocats, médecins. Pour leur image, ils utilisent le patrimoine architectural de la place Garibaldi.
D'après la carte, la diversité des fonctions est assurée par la présence d'une combinaison de fonctions primaires sur la place (église, cinéma) et de fonctions secondaire (commerces de détail, restaurateur...). De plus, il y a une mixité de fonction dans les bâtiments différenciés entre le rez-de-chaussée et les étages.
Comment les commerces utilisent l’espace de la place
Tous les commerces utilisent l’espace situé sous les portiques à arcades en y disposant leurs étalages pour attirer le chaland. Les restaurants et cafés quant à eux débordent en grande partie sur la place par l’installation de leurs tables, chaises et parasols en face de leur commerce.
Cet utilisation de la place n’engendre aucune gêne de passage et n’encombre pas l’espace au vue de ses dimensions. Au contraire, ceci est apprécié par les usagers que nous avons rencontrés et qui de surcroit ne sont pas contraires à une occupation plus importante de l’espace public par les terrasses de café.
Figure 4.10 : Terrasse de brasserie sur la place et sous les arcades |
On peut remarquer que la nature des activités en rez-de-chaussée impacte sur le dynamisme de l’espace public notamment sous les arcades. En effet, au nord de la place, chaque côté de l’arrêt du tramway, on observe une succession de commerces ou services sans étalages (banques, magasin de moquettes, peintures, centre associatifs et le cinéma) qui donne une impression de non activité par rapport au reste de l'espace sous les arcades. Ailleurs, les activités marchandes dialoguent avec la place précisément grâce aux arcades.
Figure 4.11 : Absence d'activités en lien avec l'espace public à côté des banques |
Visuellement, la fonction de restauration se voit surreprésentée notamment par l'espace qu'elle occupe sur la place, par l'installation de leurs terrasses. C'est d'ailleurs, en grande partie cette fonction qui attire des usagers externe à la place tout au long de la journée. Le cinéma assure une fréquentation de la place en fin de journée.
Figure 4.12 : Les grands équipements dans les environs de la place |
D'autres fonctions, qui ne sont pas directement sur la place, jouent un rôle important pour son attractivité. Plusieurs fonctions primaires se situent ainsi dans les environs de la place : le Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain, le Théâtre de Nice, le musée d'Histoire Naturelle de Nice (tous à moins de 100m de la place Garibaldi), des écoles ainsi que la gare routière de Nice (actuellement en cours de démolition) qui apporte un important flux de passager. Ces fonctions dans les environs de la place drainent des niçois mais aussi des visiteurs tout au long de la journée. Elles constituent un potentiel d'attractivité pour la place Garibaldi et aussi pour le développement de toute diversité secondaire dans les rues alentours.
2. La distribution spatio-temporelle des usages et des flux
Les flux de mobilité
La place est un important lieu de passage que ce soit par le tramway, les piétons et les voitures. La place est la porte d'entrée dans la ville pour le trafic en provenance des quartiers de l'est et est directement reliée à l’hyper-centre niçois (place Masséna) par l'Avenue Jean Jaurès.
La place dispose d'un arrêt de tramway sur l’amorce de l’avenue de la République (l’ancienne route royale partant au nord de la place). Le choix du passage du tramway par la place illustre la volonté des édiles niçois de contribuer au dynamisme de l’ancienne place royale.
A moins de 500 mètre de la place Garibaldi se trouve la gare routière de Nice qui draine un important flux de passagers et une correspondance avec le tramway, même si elle est actuellement en train de démolition et sera substitué par des nouveaux espaces verts.
Sur la place Garibaldi, les flux des piétons ont une certaine importance. D'après nos observations, représentées sur le schéma ci-dessous, les flux ont globalement la même orientation. Le principal flux de piéton suit l'axe du tramway. Ces personnes viennent d'arriver du tramway et se dirigent vers le centre-ville ou inversement. Un second flux relie le secteur du port au centre-ville (passant sur le côté sud de la place) ou à l'arrêt de tramway (sur le côté nord de la place). Confirmant le schéma de Camillo Sitte (1889), ces flux traversent la place suivant des lignes de plus court chemin, sauf en cas de pluie (le passage sous les portiques sera alors privilégié).
D'après ce constat, les points qui génèrent des flux piéton sur la place Garibaldi sont essentiellement les fonctions du centre-ville et l'arrêt de tramway. Ainsi, on peut dire que l'avenue Jean Jaurès, le Boulevard de la République et la rue Cassini sont les trois axes permettant une bonne accessibilité piétonnière à la place.
Quant à la circulation automobile elle reste cantonnée à ses voies bien délimitées. Si le principal flux automobile est celui traversant la place au milieu d’est en ouest, le plus petit flux longeant le côté sud de la place, produit les conséquences les plus néfastes, car il empêche les activités marchandes de se prolonger sur l’espace public ouvert.
Figure 4.13 : Les principaux flux de mobilité sur la place Garibaldi |
Un autre point est à souligner concernant les flux piétons. D'une part, il existe une différence entre le flux piéton sous les arcades, plus faible et le flux piéton sur la place, plus intense causé principalement par une différence de surface mais aussi d'usages différents. Sous les arcades, la présence des commerçants génère un flux localisé, de passage et d'accès aux commerces. Alors que les flux piéton sur la place ont tendance à être multidirectionnels.
D'autre part, il y a une répartition différente des personnes à l’arrêt et des personnes en mouvement. Les personnes à l'arrêt se situent essentiellement autour des bancs publics au milieu de la place, celles en mouvement se partagent le reste de l'espace (voir schéma ci-contre).
Figure 4.14 : Répartition des personnes à l'arrêt et en mouvement sur la place Garibaldi |
L’usage de la place au cours du temps
Les observations de terrain (comme montré par les photographies prises à différents moments d’une journée type de printemps) montrent une certaine fluctuation de la fréquentation de la place Garibaldi au cours de la journée. Le matin, la place est assez calme, avec la présence d’une cinquantaine de personnes dans son espace public, les commerçants commencent à ouvrir et à se faire livrer. A l'heure du midi, près de 200 personnes fréquentent la place, c'est l'heure du déjeuner, l'essentiel des personnes profitent de la restauration sur place ou mangent leur déjeuné assises sur un des bancs quand d'autres ne font que traverser la place. C'est à 18h que la place est la plus fréquentée avec un pic à environ 270 personnes qui profitent de la fin de journée de travail pour se détendre sur les terrasses de café, faire des courses ou rentrer chez eux en passant par la place. Le soir, la fréquentation retombe à une centaine de personnes qui utilisent la place pour boire un verre, prendre un repas ou simplement se rencontrer.
Figure 4.15 : Usagers sur la place Garibaldi à quatre heures différentes de la journée |
Figure 4.16 : Comptage des présences sur la place Garibaldi au cours de la journée |
Ce constat de fréquentation en semaine diffère de celle du week-end par un afflux de personnes supplémentaires (des activités de plein air, marchandes ou non, utilisent souvent la place Garibaldi pendant le week-end). La place est située par ailleurs à proximité immédiate du Vieux-Nice, quartier très touristique, permettant une augmentation de sa fréquentation pendant l’été, en lien direct avec l’afflux de touristes dans les ruelles marchandes du centre historique.
Qui sont les usagers de la place ?
Un petit échantillon de vingt personnes rencontrées sur la place en fin de matinée a été interviewé, permettant d’établir le profil suivant :
Figure 4.17 : Profil socio-démographique d’un échantillon d’usagers de la place Garibaldi |
Les données qui ont servies pour les analyses suivantes proviennent des réponses du questionnaire des usagers de la place inspiré par celui élaboré par M.Bassand (2001), mais aussi de nos observations sur le terrain. Parmi les usagers habituels de la place (on est en semaine, hors saison touristique) on peut certes constater une forte présence de retraités, mais également une population de jeunes et d'actifs assez importante. Les retraités proviennent essentiellement des quartiers environnants en raison de leur faible capacité de déplacement. D’autre part, les travailleurs des alentours profitent de la place pendant leur pause mais font aussi usage de la place comme lieu de rendez-vous professionnel. Au cours de la journée, on a également constaté la présence de touristes, principalement italiens.
La composition des usagers de la place en journée type est ainsi relativement hétéroclite : des retraités, des adultes actifs ou chalands, des jeunes « skaters » en petit groupe en fin de journée, des parents promenant des enfants en poussettes, des personnes en vélo, des touristes, des marginaux.
Comment est utilisée la place par ses usagers ?
Les réponses fournies au questionnaire montrent que presque la moitié des personnes interrogées sont sur la place pour des raisons liées au travail. Bien souvent ces personnes utilisent la place comme point de rendez-vous professionnel. L'autre moitié des personnes interrogées utilise simplement la place pour se promener, flâner, mais aussi rencontrer, discuter.
La place est donc à la fois une place de transit entre deux points (comme nous l'avons montré dans les flux de mobilité) mais aussi comme destination finale des usagers (se donner rendez-vous, s'assoir, discuter...).
Figure 4.18 : Durée et fréquence d’utilisation de la place Garibaldi |
D'une part, plus de la moitié des personnes interviewées sur la place n’y restent pas plus de 15 minutes. Plusieurs personnes nous ont indiqué préférer attendre un moment sur la place plutôt qu'ailleurs en s'asseyant sur une chaise pour attendre le bus ou quelqu'un pour aller ensuite ailleurs. D'autre part, environ un quart des interviewés reste jusqu'à 30 minutes, ce qui correspond davantage à un temps de rencontre et de discussion observé précédemment dans les usages. 11% des personnes interrogées ne font que passer par la place, le temps de répondre au questionnaire. Enfin, les 11% restant sont les personnes qui passent plus d'une heure sur la place.
En ce qui concerne la fréquence d’utilisation, presque la moitié des interviewés se rendent sur la place plusieurs fois par semaine. 22% déclare fréquenter la place une à plusieurs fois par jour. Celles-ci proviennent principalement du ou des quartiers alentours et correspondent pour la plupart à des retraités. A noter que presque un quart ne fréquentent la place qu'à de rares occasions. Ce sont des personnes venant du reste de la ville ou de l’extérieur, venant sur la place pour des motifs de loisirs, de tourisme et, plus rarement, professionnels.
La distribution spatiale des usages
Nous avons déjà vu comment les personnes en transit et à l'arrêt se répartissent sur l’espace public de la place aux heures de pointe dans des proportions à peu près comparables. Les terrasses de café et le mobilier urbain (bancs, espaces ombragés) sont les principaux catalyseurs de l’arrêt des usagers de la place. Cependant, l'espace sous les portiques sud et sud-ouest de la place pâtit de la barrière engendrée par la voie de circulation automobile qui ne permet pas aux cafés et restaurants de disposer d'une importante terrasse contrairement aux restaurateurs sur le reste de la place, se retrouvant ainsi à l'ombre en fin de journée, aux heures où les fréquentations sont les plus importantes. Cela se traduit par une fréquentation plus faible.
Figure 4.19 : La façade sud de la place Garibaldi subit la séparation par la voirie du reste de la place |
Selon J. Jacobs, la présence d'une combinaison de fonctions primaires générant une fréquentation quasi-continue de l’espace public amène une diversité secondaire profitable à la synergie fonctionnelle. Sur la place Garibaldi, on peut constater une diversité des fonctions primaires (écoles, cinéma, gare routière, musées) et secondaires (commerces de détails, restauration, magasins) qui génère des flux tout au long de la journée. Ainsi, cette fréquentation échelonnée participe au maintien de cette diversité fonctionnelle mais aussi à son développement. On peut imaginer que ce développement s'effectuera en direction de l'avenue de la République où le principal point d'affluence est l'arrêt de tramway qui se situe à son entrée. Au dire des acteurs, les conflits d'usage sont plutôt rares sur la place (quelques remontrance a été effectuée à l’encontre des jeunes skaters) : les grandes dimensions de la place (et l’élimination du stationnement automobile qui la caractérisait jadis) permettent l’accueil d’activités et de flux sans grand gêne réciproque.
3. L’appropriation de l’espace
Figure 4.20 : L’appropriation de l’espace de la place Garibaldi |
La place Garibaldi et ses bâtiments sont caractérisés par un certain équilibre entre l'espace public, l'espace semi-public et l’espace privé. En effet, le rez-de-chaussée des bâtiments qui bordent la place correspond à un espace semi-public quant aux étages, ils sont pour l'essentiel de l'espace privée. La plupart de l'espace ouvert de la place (y compris les portiques) est public, sauf les parties concédées pour les terrasses des bars et des restaurants. La diversité fonctionnelle de la place Garibaldi tient aussi au fait de cette proportionnalité de ces différentes appropriations de l’espace.
Figure 4.21 : L’appropriation des lieux par les usagers |
Nous avons déjà parlé de l’appropriation de l’espace public par les activités marchandes, se traduisant dans les nombreuses terrasses qui parsèment l’espace ouvert et celui des arcades. D’autres appropriations, mois formalisées et plus épisodiques, sont celles que les usagers font de l’espace public, le temps d’un moment d’arrêt ou celui d’une discussion avec un ami. Ces appropriations individuelles visibles sur la place se traduisent par les côtoiements entre gens que l'on peut constater à toutes heures de la journée, principalement sur les bancs mais également sur les bords des jardinières ombragées. Certaines personnes nous ont confié s'assoir sur les chaises pour sympathiser avec d’autres usagers de la place. Comme déjà souligné par J. Jacobs et par M. Bassand, cet échange répété et fortuit de mots, d’opinions, de courtoisies, participe à la construction du socle de confiance sociale que l'on peut ressentir sur la place.
Figure 4.22 : Détournement des lieux (stationnement) et mendicité. |
A toutes les heures où nous avons pu fréquenter la place, nous n'avons pas noté d'appropriations informelles de l’espace, sauf le stationnement illicite des deux-roues motorisés sous les arcades et quelques cas de mendicité, surtout dans les endroits les moins animés, non concernés par l’offre d’espace semi-public. L’appropriation informelle de l’espace pourrait également résulter du réaménagement relativement récent de la place.